"N’ayant jamais réussi à conclure mon péché de chair, je ne devrais pas avoir à craindre d’être léché par les flammes de l’enfer. Dans les toilettes à l’abri des regards, isolé, enfermé à double tour, mon père assis sur la cuvette se mettra à pleurer. Si ses sanglots avaient eu les propriétés du formol, j’aurais pu être conservé dans leur bain et me la couler douce... Je ferai le topo à ma langue de vipère dans l’espoir qu’elle ne dérape, ne fourche en ma défaveur. Si elle venait à se mettre en conduite automatique, elle m’enverrait pour un millénaire au purgatoire...
Dans ma chambre froide, l’idée de servir de charbon ardent au 666 me ferait presque un remue-ménage dans mes entrailles. Maman aurait sans doute aimé me conserver dans un iceberg loin de l’appétit féroce des vers qui apprécieront ma tendre viande."
Mon nerf
(Paris, Le Seuil, 2004)
(Le Seuil-Points, 2005)