Sur un texte tiré des pièces, 132 ans (1962), Ya chaâb ed-dhelma (Ô peuple de la nuit, 1963) et Ifrikya qabl el âam 1 (Afrique avant l’an un, 1963) de Abderrahmane Kaki, la générale de 132 ans, pour que nul n’oublie a été donnée le 24 juillet au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi à Alger. Mis en scène par Mohamed Takiret, le spectacle, qui mêle chant, musique, danse et inserts vidéo, a été produit par le ministère des Moudjahidines à l’occasion des célébrations de la fête de lindépendance.
132 ans, pour que nul n’oublie devrait être bientôt présenté à Mostaganem, ville natale de Kaki, en attendant une tournée dans le pays.
Produite par l’association Kartina de Mostaganem, la pièce Ma qabl el-masrah de Abderrahmane Kaki a été primée au 14e Festival culturel local du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbes, clôturé le 11 juillet au théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran. Ma qabl el-masrah participera au Festival national du théâtre professionnel au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi à Alger.
Abdelkader Ould Abderrahmane, dit Abderrahmane Kaki (1934-1995), est l’une des grandes figures du théâtre algérien des années soixante et soixante-dix. Metteur en scène et auteur, né à Mostaganem, il fait ses classes dans le théâtre amateur, devient instructeur d’art dramatique et fonde sa propre troupe en 1958.
Durant cette période, il adapte et met en scène Plaute, Carlo Gozzi, Eugène Ionesco et Samuel Beckett, avant de monter Avant-théâtre qui regroupe trois de ses propres textes.
Il est également administrateur de théâtre et directeur de troupe et s’illustre, entre 1962 et 1977, avec une dizaine de pièces. 132 ’am (132 ans) en 1962, Ifrikya qabla I (Afrique avant I) en 1963, et la reprise de Diwan el-garagouz en 1965, sont de grands succès.
Fin connaisseur des travaux de Stanislavski, Craig, Meyerhold, Piscator et Brecht, tout en se cherchant une voie esthétique, Abderrahmane Kaki se préoccupe de langue, de travail d’acteur, de décor, de lumière, de musique et de rythme. "Engagé et didactique", selon l’universitaire Wadi Bouzar, son théâtre se nourrit aux sources d’un riche patrimoine oral.
Il sera ainsi le premier à investir les ressources de la forme traditionnelle de la halqa (ronde des spectateurs) autour du meddah (conteur) avec El-guerrâb ouas-sâlihîn (Le Porteur d’eau et les trois marabouts) en 1966 et une comédie satirique, Koul wahed ou hakmou (A chacun son jugement) en 1967.
Celui qui est considéré comme l’un des pères du théâtre maghrébin contemporain, a vu son travail et ses recherches distingués à Tunis, Le Caire et Berlin. Longtemps immobilisé par un grave accident de voiture dont il fut victime en 1969, Abderrahmane Kaki devait s’éteindre le 14 février 1995 à Oran.
A l’occasion du 15e anniversaire de la disparition d’Ould Abderrahmane Kaki, deux de ses pièces ont été données au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi à Alger. Tirée de Dar Rabi (La Maison de Dieu), Hit e-rmel (Mur de sable) est une production de la coopérative Ould Abderrahmane Kaki de Mostaganem. Adaptée pour sa part d’El-layl (La Nuit), El-rahil est une création du Théâtre régional de Mascara. Le 17 février, toujours au TNA, une table ronde a été consacrée à la personnalité et au parcours du metteur en scène, dramaturge et directeur de troupe.
A la faveur de sa traduction en français par Messaoud Benyoucef, A chacun son jugement (Koul wahed ou hakmou) a été enregistrée en 1996 en Avignon dans le cadre des lectures de France Culture. (Crédit Photo : "Koul wahed ou hakmou" d’Ould Abderrahmane Kaki, Tna, 1967)
– 10 juillet 2014, Mostaganem / Maison de la culture
Koul wahed ou hakmou (A chacun son jugement) de Abderahmane Kaki
Mise en scène de Djamel Bensabeur
Lire :
Ould Abderrahmane Kaki, une école du théâtre algérien par Mansour Benchehida, Lakhdar Barka Sidi Mohamed, Mohammed Berrached, Mohamed Boudene et Kamel Bendimered (Oran, Dar El Qods El Arabi, 2024)
– Kaki, le dramaturge de l’essentiel
d’Abderrahmane Mostefa et Mansour Benchehida
(Alger, Alpha, 2006)