Le cinéaste Moussa Haddad est décédé le 17 septembre 2019 à Alger, des suites d’une longue maladie. Il était âgé de 82 ans. Un grand artiste et un précieux témoin s’en est allé, en silence. On lui doit en particulier Les Vacances de l’inspecteur Tahar (1972), l’un des plus grands succès populaires du cinéma algérien, et Les Enfants de Novembre (1975), l’une des plus grandes réussites de la télévision sur la guerre de libération en milieu urbain. Il a été inhumé, le 18 septembre, au cimetière d’El-Kettar.
Né en 1937 à Alger, après des débuts à la télévision du temps de la RTF, il est assistant-réalisateur sur La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1965) et L’Etranger de Luchino Visconti (1966), deux films produits ou co-produits par Casbah Films, la société créée par Yacef Saâdi.
Passé à la réalisation avec Trois pistolets contre César, un western qu’il co-signe avec l’Italien Enzo Peri (1967), il rejoint la télévision (RTA) et tourne L’Inspecteur mène l’enquête (1967), avec déjà le personnage de l’inspecteur Tahar, Une cigarette pour Ali (1968), La Guerre des jeunes (1969), El Fidayoun (1971) et Min qurb as-safsaf (Près du peuplier, 1972). Ce dernier film, sur les difficultés d’un paysan désireux de creuser son propre puits, est la seule incursion connue de Moussa Haddad dans l’Algérie rurale, sur fond de campagne pour la réforme agraire.
Le cinéaste s’impose surtout avec Les Vacances de l’inspecteur Tahar en compagnie de l’intrépide tandem constitué par l’Inspecteur Tahar (Hadj Abderrahmane) et son "apprenti" (Yahia Ben Mabrouk). Produit par l’ONCIC pour le grand écran, le film déplace des foules et reste l’un des plus grands succès commerciaux du cinéma algérien.
Avec Les Enfants de Novembre (1975), qui s’attache au parcours d’une jeune recrue prise dans le tourbillon de la résistance urbaine durant la guerre, porté par un tournage en extérieurs souvent la caméra à l’épaule de Youcef Sahraoui, qui épouse la topographie particulière de la Casbah d’Alger, sans oublier le montage signé Rachid Djoumaï, le film est l’un des plus grands succès populaire de la télévision algérienne sur la guerre d’indépendance.
Après Hassan Terro au maquis (1978) et Le Défi (1980), il signe Libération (1984) qui le voit revenir au thème de la guerre de libération.
Éloigné des projecteurs depuis Made in en 1998, le réalisateur était de retour derrière la caméra avec une nouvelle ode à la jeunesse. En compétition au Festival d’Abu Dhabi 2012, Harraga Blues conte l’histoire de deux amis, Zine et Rayane, qui rêvent de gagner l’Espagne en harragas (brûleurs de frontières), rencontrent des difficultés avant que l’amour de Zola pour Zine n’achève d’en décider autrement.
Dans le programme spécial "Algerian Cinema : Yesterday, Today and Tomorrow" (Cinéma algérien, hier, aujourd’hui et demain), le Festival d’Abu Dhabi avait également sélectionné Les Vacances de l’inspecteur Tahar. (Crédit Photos : DR)
Les Vacances de l’inspecteur Tahar de Moussa Haddad fait partie d’un ensemble de 15 films numérisés en 2016, parmi lesquels figurent des succès publics des années 1970 comme Hassan terro de Mohamed Lakhdar-Hamina ou Omar Gatlato de Merzak Allouache.
–Trois pistolets contre César (Tre pistole contro Cesare | Death Walks in Laredo) d’Enzo Peri et Moussa Haddad
(95 min., Ita/Alg, 1966)
avec Thomas Hunter, James Shigeta, Nadir Moretti
Production : Dino de Laurentiis Cinematografica/Casbah Films
Aucune
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