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Le Lion d’or de la 77e Mostra de Venise a couronné Nomadland de Chloé Zhao (Etats-Unis), le grand favori de la compétition. Le Lion d’argent est allé à Spy no tsuma (Wife of a Spy) de Kiyoshi Kurosawa (Japon) et le Grand Prix du jury a été décerné à Nuevo orden de Michel Franco (Mexique). Le Prix du meilleur scénario et le Prix spécial du jury ont récompensé, respectivement, The Disciple de Chaitanya Tamhane (Inde) et Dear Comrades d’Andrei Konchalovsky (Russie).
Les prix d’interprétation ont distingué la Britannique Vanessa Kirby pour son premier rôle titre au cinéma dans Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó (Hongrie) et l’Italien Pierfrancesco Favino pour sa prestation dans Padrenostro de Claudio Noce (Italie).

Premier grand festival de cinéma à avoir lieu depuis le début de la pandémie de Covid-19, la 77e édition de la Mostra de Venise s’est tenue, du 2 au 12 septembre, avec une voilure réduite par rapport aux années précédentes et selon un protocole sanitaire strict : réduction de moitié de la jauge des salles, accès aux projections sur réservation, pistolets à température et caméras thermiques pour contrôler la température des festivaliers, port du masque obligatoire et en permanence, distanciation physique, tests PCR négatif exigés pour les ressortissants des pays hors de l’espace Shengen et un autre test effectué à leur arrivée.

La façade du Palazzo del Cinema où se joue habituellement le rituel quotidien du tapis rouge, avec vedettes et invités de marque, entre nuées de photographe et clameurs de la foule, a été dissimulée par un long mur blanc de deux mètres de haut pour décourager les curieux. Il faut également noter que cette année, seuls 5000 journalistes étaient accrédités, contre 12000 en 2019.

Les directeurs de huit grands festivals d’Europe, dont Cannes, Berlin et Locarno, d’ordinaire en concurrence pour attirer les meilleurs films, étaient présents à Venise pour "réaffirmer l’importance de l’art du cinéma" et leur "solidarité envers l’industrie cinématographique mondiale durement touchée par la pandémie".

Au cœur d’une saison marquée par les fermetures de salles, l’effondrement des recettes, les suspensions de tournages et les annulations de festivals, dont celui de Cannes en mai, et face à des difficultés comme la défection des stars et des films hollywoodiens ou encore l’absence de films des plateformes de streaming Netflix et Amazon, la Mostra 2020 a tout de même eu lieu avec une sélection de 62 longs métrages, dont 18 en compétition, et 15 courts métrages, de quelque 50 pays. D’aucuns ont noté au passage que pas un seul film estampillé "Cannes 2020" ne figurait dans la sélection.

Trois ans après #MeToo, sous la pression du mouvement contre le harcèlement et pour la parité, et pour mettre fin aux polémiques qui ont émaillé les précédentes éditions, la Mostra aussi s’est efforcé de se féminiser. Contrairement aux éditions de 2018 et 2019, où il n’y a eu qu’une, puis deux réalisatrices en compétition, sans compter la sélection controversée du J’accuse de Roman Polanski, malgré les accusations de viol à l’encontre du cinéaste, cette année, huit des dix-huit films en compétition sont réalisés par des femmes.

Grand favori de Venise 2020, Nomadland, le nouveau film de la Sino-Américaine Chloé Zhao, avec Frances McDormand, est également au programme du Festival de Toronto (avant d’être repris par celui de New York). En forme de road trip, sur le fil du documentaire, Nomadland se penche sur la vie d’une femme qui a tout perdu, avec la mort de son mari et la fermeture de l’usine de sa ville qui lui vaut la perte de son emploi d’enseignante suppléante. Celle-ci plaque tout et part dans un van partager la vie de ces nouveaux nomades, des plus de soixante ans frappés par le krach de 2008, qui enchaînent les petits boulots et les rencontres, au hasard de la route, au volant de leurs camping-cars. (Sortie en France, le 30 décembre)

Parmi les autres réalisatrices en course pour le Lion d’or, dix ans après le sacre de Sofia Coppola pour Somewhere, il y avait notamment la Française Nicole Garcia avec Amants, son 9e long métrage qui baigne dans un univers de film noir, l’Italienne Susanna Nicchiarelli avec Miss Marx, autour de la fille cadette de Karl Marx, la Norvégienne Mona Fastwold, avec The World to Come qui observe l’amour entre deux femmes déjà mariées, dans l’Amérique rurale du XIXe siècle, et la Bosnienne Jasmila Žbanić qui revient, avec Quo vadis, Aida ?, sur le massacre de Srebrenica en juillet 1995, par les hommes du général serbe Ratko Mladić.

Le jury était, cette année encore, présidé par une femme, l’actrice australo-américaine Cate Blanchett, l’une des figures de proue de la lutte contre le harcèlement sexuel qui a lancé, avec d’autres célébrités comme Natalie Portman et Meryl Streep, la fondation Time’s Up (C’est fini) pour aider les victimes. Elle était épaulée dans sa mission par les réalisatrices autrichienne Veronika Franz et britannique Joanna Hogg, les réalisateurs allemand Christian Petzold et roumain Cristi Puiu, l’écrivain italien Nicola Lagioia et l’actrice française Ludivine Sagnier.

La cinéaste française Claire Denis était, elle, à la tête du jury de la sélection Orizzonti (Horizons) qui comptait deux films africains : L’Homme qui a vendu sa peau de la Tunisienne Kaouther Ben Hania et La Nuit des rois, de l’Ivoirien Philippe Lacôte. Un film algérien, À fleur de peau de Meriem Mesraoua, figurait dans la compétition courts métrages.

Hors compétition, parmi les films qui pouvaient faire parler d’eux, on pouvait relèver One Night in Miami de l’actrice afro-américaine Regina King passée derrière la caméra, sur les débuts du jeune Cassius Clay, le futur Mohamed Ali. Devant un public sensibilisé à la montée spectaculaire des eaux de novembre dernier dans la cité des Doges, la projection de Greta du Suédois Nathan Grossman, autour de l’engagement de la jeune Greta Thunberg pour le climat, avait une résonance particulière (Sortie le 16 octobre).

Du côté de la présence algérienne encore, le projet de Meursault contre enquête de Malek Bensmaïl, adapté du roman de Kamel Daoud, était présenté dans le cadre du programme Gap-Financing Market, qui vise à mettre en relation avec des professionnels du cinéma pour trouver des compléments de financement.

Deux autres projets de films, Hadjer d’Anis Djaad et Soula de Salah Issaad, bénéficiaient de l’atelier de post-production Final Cut, une autre plateforme de Venise qui œuvre à trouver des financement pour des films en phase de post-production. L’an dernier, Nardjes A. de Karim Aïnouz, encore en chantier, y avait été projeté.

Le Festival a débuté avec Lacci de Daniele Luchetti (hors compétition). C’est la première fois, depuis plus de 10 ans, que Venise ouvrait avec un film italien. Lacci est l’histoire d’un couple qui se déchire et d’enfants tiraillés entre père et mère.

La Mostra 2020 a honoré l’actrice britannique Tilda Swinton et la cinéaste hongkongaise Ann Hui avec un Lion d’or chacune, pour l’ensemble de leurs carrières.



 2 - 12 September 2020, 77° Mostra internazionale d’arte cinematografica | 76th Venice International Film Festival | 76e Mostra de Venise



Le Palmarès

Compétitition

 Lion d’or : Nomadland de Chloé Zhao
 Grand prix du jury : Nuevo orden (New Order) de Michel Franco
 Lion d’argent du meilleur réalisateur : Kiyoshi Kurosawa pour Spy no tsuma (Wife of a Spy)
 Coupe Volpi de la meilleure actrice : Vanessa Kirby Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó
 Coupe Volpi du meilleur acteur : Pierfrancesco Favino dans Padrenostro de Claudio Noce
 Meilleur scénario : The Disciple de Chaitanya Tamhane
 Prix spécial du jury : Dear Comrades d’Andreï Konchalovsky

Sélection Orizzonti

 Meilleur film : Dashte khamoush (The Wasteland) d’Ahmad Bahrami
 Meilleur réalisateur : Lav Diaz pour Lahi, Hayop (Genus Pan)
 Prix spécial du jury : Listen d’Anna Rocha de Sousa
 Meilleure actrice : Khansa Batma dans Zanka Contact d’Ismaël El Iraki
 Meilleur acteur : Yahya mahayni (L’Homme qui avait vendu sa peau) de Kaouther Ben Hania
 Meilleur scénario : I predatori de Pietro Castellitto
 Meilleur court métrage : Entre tu y milagros de Mariana Saffon

 Prix Luigi de Laurentiis (premier film) : Listen d’Anna Rocha de Sousa (Orizzonti)
 Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir : Rouhollah Damani dans Khorshid (Sun Children) de Majid Majidi (Compétitition)

Compétition VR (réalité virtuelle)

 Best Virtual Reality : The Hangman at Home : An Immersive Single User Experience de Michelle et Uri Kranot
 Best Virtual Reality Experience : Finding Pandora X de Kiira Benzing
 Best Virtual Reality Story : Killing a Superstar de Fan Fan



Competition

 Səpələnmiş Ölümlər Arasında (In Between Dying) de Hilal Baydarov (88’, Azerbaijan/USA)
 Le sorelle Macaluso d’Emma Dante (94’, Italy)
 The World To Come de Mona Fastvold (98’, USA)
 Nuevo orden de Michel Franco (88’, Mexico/France)
 Amants (Lovers) de Nicole Garcia (102’, France)
 Laila in Haifa d’Amos Gitai (99’, Israël/France)
 Und morgen die ganze Welt de Julia von Heinz (101’, Germany/France)
 Dorogie Tovarischi ! (Dear Comrades !) d’Andrei Konchalovsky (116’, Russia)
 Spy no tsuma (Wife of a Spy) de Kiyoshi Kurosawa (115’, Japan)
 Khorshid (Sun Children) de Majid Majidi (99’, Iran)
 Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó (115’, Canada/Hungary)
 Miss Marx de Susanna Nicchiarelli (107’, Italy/Belgium)
 Padrenostro de Claudio Noce (120’, Italy)
 Notturno de Gianfranco Rosi (100’, Italy/France/Germany)
 Śniegu już nigdy nie będzie (Never Gonna Snow Again) de Małgorzata Szumowska et Michał Englert (113’, Poland/Germany)
 The Disciple de Chaitanya Tamhane (127’, India)
 Quo vadis, Aida ? de Jasmila Zbanic (101’, Bosnia and Herzegovina/Austria/Romania/Netherlands/Germany/Poland/
France/Norway/Turkey)
 Nomadland de Chloé Zhao (108’, USA)

Out of Competition

Fiction

 Mandibules de Quentin Dupieux (77’, France/Belgium)
 Di yi lu xiang (Love After Love) d’Ann Hui (144’, China)
 One Night in Miami de Regina King (100’, USA)
 Lacci de Daniele Luchetti (100’, Italy)
 Assandira de Salvatore Mereu (126’, Italy)
 The Duke de Roger Michell (96’, United Kingdom)
 Lasciami andare (You Came Back) de Stefano Mordini (98’ Italy)
 Nak-won-eui-bam (Night in Paradise) de Hoon-jung Park (131’, South Korea)
 Run Hide Fight de Kyle Rankin (109’, USA)
 Mosquito State de Filip Jan Rymsza (100’, Poland/USA)

Non Fiction

 Sportin’ Life d’Abel Ferrara (65’, Italy)
 Crazy, Not Insane d’Alex Gibney (117’, USA)
 Greta de Nathan Grossman (97’, Sweden)
 Salvatore - Shoemaker of Dreams de Luca Guadagnino (120’, Italy)
 Final Account de Luke Holland (90’, United Kingdom)
 La verità su La dolce vita de Giuseppe Pedersoli (83’, Italy)
 Molecole d’Andrea Segre (68’, Italy)
 Narciso em férias de Renato Terra et Ricardo Calil (84’, Brazil)
 Paolo Conte, Via con me de Giorgio Verdelli (100’, Italy)
 Hopper/Welles d’Orson Welles (130’, USA /
 City Hall de Frederick Wiseman (272’, USA)

Cortometraggi

 The Human Voice de Pedro Almodóvar (Spain/USA, 30’)
 Fiori, Fiori, Fiori ! de Luca Guadagnino (12’, Italy)
 Omelia contadina d’Alice Rohrwacher, JR (9’, Italy/France)

Special Screenings

 30 monedas (30 Coins) - Episode 1 d’Álex de la Iglesia (78’, Spain)
 Princesse Europe de Camille Lotteau (108’, France)

Orizzonti

Orizzonti Competition

 La Troisième Guerre de Giovanni Aloi (92’, France)
 Meel Patthar (Milestone) d’Ivan Ayr (98’, India)
 Dashte khamoush (The Wasteland) d’Ahmad Bahrami (102’, Iran)
 The Man Who Sold His Skin de Kaouther Ben Hania (100’, Tunisia/France/Germany/Belgium/Sweden)
 I predatori de Pietro Castellitto (109’, Italy)
 Mainstream de Gia Coppola (94’, USA)
 Lahi, Hayop (Genus Pan) de Lav Diaz (150’, Domingo/Philippines)
 Zanka Contact d’Ismaël el Iraki (120’, France/Morocco/Belgium)
 La Nuit des rois de Philippe Lacôte (92’, Ivory Coast/France/Canada)
 The Furnace de Roderick MacKay (116’, Australia)
 Jenayat-e bi deghat (Careless Crime) de Shahram Mokri (139’, Iran)
 Gaza mon amour de Tarzan et Arab Nasser (87’, Palestine/France/Germany/Portugal/Qatar)
 Mila (Apples) de Christos Nikou (90’, Greece/Poland/Slovenia)
 Selva trágica de Yulene Olaizola (96’, Mexico/France/Colombia)
 Guerra e pace de Martina Parenti, Massimo D’Anolfi (128’, Italy/Switzerland)
 Nowhere Special de Uberto Pasolini (96’, Italy/Romania/United Kingdom)
 Listen d’Ana Rocha de Sousa (73’, United Kingdom/Portugal)
 Bu zhi bu xiu (The Best Is Yet To Come) de Jing Wang (114’, China)
 Zheltaya koshka (Yellow Cat) d’ Adilkhan Yerzhanov (90’, France)

Orizzonti Short Films Competition

 Nattåget (The Night Train) de Jerry Carlsson (15’, Sweden)
 The Shift de Laura Carreira (9’, United Kingdom/Portugal)
 Workshop de Judah Finnigan (16’, New Zealand)
 Sogni al campo de Magda Guidi, Mara Cerri (9’, France/Italy)
 Was wahrscheinlich passiert wäre, wäre ich nicht zuhause geblieben de Willy Hans (20’, Germany)
 Das Spiel (The Game) de Roman Hodel (17’, Switzerland)
 Miegamasis rajonas (Places) de Vytautas Katkus (13’, Lithuania)
 Anita de Sushma Khadepaun (17’, India/USA)
 À fleur de peau de Meriem Mesraoua (15’, France/Qatar/Algeria)
 Entre tú y milagros de Mariana Saffon (20’, Colombia)
 Being My Mom de Jasmine Trinca (12’, Italy)
 Mây nhu’ng không mu’a (Live In Cloud Cuckoo Land) de Nghia Vu Minh et Thy Pham Hoang Minh (19’, Vietnam/South Korea)

Orizzonti Short Films Out of Competition

  de Luca Ferri (19’, Italy)
 The Return of Tragedy de Bertrand Mandico (24’, France)



Venezia Classici


 Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville (France, 1970)
 Claudine de John Berry (États-Unis, 1974)
 Goodfellas (Les Affranchis) de Martin Scorsese (États-Unis, 1990)
 La última cena (La Dernière Cène) de Tomás Gutiérrez Alea (Cuba, 1976)
 Utószezon (Arrière-saison) de Zoltán Fábri (Hongrie, 1967)
 Muhōmatsu no isshō (L’Homme au pousse-pousse) de Hiroshi Inagaki (Japon, 1943)
 Sedotta e abbandonata (Séduite et abandonnée) de Pietro Germi (Italie, 1964)
 Serpico de Sidney Lumet (États-Unis, 1973)
 Cronaca di un amore (Chronique d’un amour) de Michelangelo Antonioni (Italie, 1950)
 Neokontchennaia pesa dlia Mekhanitcheskogo pianino (Partition inachevée pour piano mécanique) de Nikita Mikhalkov (URSS, 1977)
 Fukushū suru wa ware ni ari (La Vengeance est à moi) de Shōhei Imamura (Japon, 1979)
 Den muso (La Jeune Fille) de Souleymane Cissé (Mali, 1975)
 You Only Live Once (J’ai le droit de vivre) de Fritz Lang (États-Unis, 1937)

 


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