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  Delacroix. Femmes d’Alger dans leur appartement par Malika Dorbani-Bouabdellah

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25 et 26 juin 1832, de retour d’un voyage de près de six mois au Maroc, Eugène Delacroix fait une brève escale à Alger qui lui inspirera Femmes d’Alger dans leur appartement, auquel il travaille longuement à partir d’une "riche moisson d’études et de motifs". Exposé au Salon de 1834, Femmes d’Alger dans leur appartement sera abondamment commenté. En 2008, en relation avec l’exposition "Picasso et les maîtres", aux Galeries du Grand-Palais à Paris, le musée du Louvre et les éditions Somogy ont publié une monographie sur le tableau, signée Malika Dorbani-Bouabdellah.

Sur les pas de Delacroix, l’historienne de l’art interroge le contexte historique et culturel de ce voyage, l’itinéraire de l’artiste à Alger, le mystère qui entoure sa visite d’un harem, la longue élaboration du tableau, sa composition, sa place dans la formation et le cheminement de l’artiste et les nouvelles perspectives qu’il ouvre "pour son auteur et pour l’histoire de l’art". Malika Dorbani-Bouabdellah précise en outre que si la brève incursion de Delacroix dans les rues du vieil Alger n’a pas manqué d’enflammer son imagination, elle ne saurait être seule à l’origine du célèbre tableau. Qu’il s’agisse de personnages, attitudes ou éléments de décor, elle fait observer que Femmes d’Alger dans leur appartement comporte des éléments de plusieurs compositions précédentes.

De Delacroix, Malika rappelle au passage son attirance pour la culture orientale, son projet d’apprendre l’arabe et de visiter l’Égypte. Durant son incursion algéroise, il aurait compté sur l’ingénieur Poirel, un polytechnicien nancéien du port d’Alger et un saint-simonien, "dont la doctrine romantique préconise la primauté de la science et reconnaît l’apport arabe au progrès scientifique, qui appelle à la réconciliation avec l’Orient et à la libération des femmes". Dans sa préface, le président-directeur du Louvre, Henri Loyrette, estimait que Delacroix a tenté "non seulement de mettre l’Orient sur un pied d’égalité avec l’idéal gréco-romain, mais aussi de rétablir la vérité en remettant à sa place le maillon qui les lie".

Il est clair, résume Malika Dorbani-Bouabdellah, que pour Delacroix, qui s’écrie à Tanger "Rome n’est plus dans Rome !", ce voyage et l’impulsion qu’il en a reçue le poussent à reformuler son idéal esthétique. Delacroix prédit surtout qu’en Afrique du Nord, "il y a du travail pour vingt générations de peintres". Le moins que l’on puisse dire est que, près de deux siècles après, son Femmes d’Alger dans leur appartement n’a cessé d’être revisité, commenté et d’inspirer nombre de travaux d’artistes.



 14 mars 2013, "Passeurs des deux rives" : Delacroix et les "Femmes d’Alger", par Malika Dorbani-Bouabdellah, historienne de l’art, ancienne conservatrice du musée national de Beaux-Arts d’Alger, collaboratrice scientifique du musée du Louvre | Modération : Mustapha Laribi, journaliste, Alger / Institut français

 En partenariat avec algeriades.com


 Eugène Delacroix. Femmes d’Alger dans leur appartement
de Malika Dorbani-Bouabdellah
Préface d’Henri Loyrette, Président-directeur du musée du Louvre
(Paris, Musée du Louvre/Somogy, 2008)

 


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