Artiste fécond et figure de sa génération en empêcheur de tourner en rond, Malek Salah présentait une trentaine d’œuvres à l’occasion d’une exposition algéroise qui a rassemblé des peintures sur toile, des œuvres sur verre et des volumes. Sur des surfaces produites à l’acrylique, à partir de couleurs neutres, l’artiste s’est employé à superposer des coups de crayon, de craie ou de pinceau, dans un travail qui cultive la tension, porté sur l’impulsion, l’onde et le rythme qui parcourt le support. Dans cette entreprise qui laisse du champ au graphisme et au dessin, Malek Salah parle d’un retour à ses débuts d’artiste professionnel à la fin des années 1970, de sa découverte de Cy Twombly et des références assumées tant à l’œuvre dessinée qu’à la peinture de l’artiste américain.
Malek Salah, c’est aussi une démarche, une quête intérieure marquée par la pratique de la méditation qui, dit-il, lui a apporté "la possibilité de transcender le temps" et de "procéder comme un artiste, qui n’est pas seulement algérien, mais comme un artiste dans le monde".
Avec "Majnûn Laylâ" (Fou de Layla), sa dernière grande exposition monographique à Alger fin 2007, Malek Salah s’est saisi de la légende de "Qais oua Layla", l’une des pièces les plus fameuses du patrimoine littéraire mais aussi le couple le plus célèbre de l’imaginaire amoureux du monde arabe. La légende de "Majnûn Laylâ", sorte de "Roméo et Juliette" du Najd, célèbre une passion malheureuse. Qays est un jeune bédouin épris de sa cousine Layla qui lui est promise. Poète sensible et impatient, il va enfreindre la coutume en clamant son amour et en célébrant la beauté de Layla par des vers. Cette dernière est alors mariée dans une tribu lointaine. Lorsque Qais apprend la nouvelle, sa descente aux enfers achève de le faire entrer dans la légende.
Plus que le désir, c’est la passion amoureuse qui est ici abordée dans sa tension inspiratrice et productive, "afin que celle-ci devienne le moteur de la puissance de l’homme à construire une œuvre ou à bâtir un monde", fait observer la critique d’art Evelyne Artaud. Dans cette méditation sur une infortune, une entreprise où l’artiste mêle dessin, peinture, photographie et sculpture, Malek Salah confie avoir produit "en aveugle des œuvres dans des laps de temps très courts, sans possibilité de souffler ou de réfléchir". Interrogeant la mise en scène actuelle de l’image, en jouant tout à la fois sur les registres de l’image et de l’écrit, Malek Salah peint l’image comme Majnûn a dit les mots. La référence au célèbre "Fou de Layla" fonctionne comme un levier qui permet à l’artiste de faire "une sorte de synthèse entre le monde objectif et cette nouvelle conscience" qu’il dit cultiver "par une pratique assidue de la méditation". "Comme Majnûn, j’ai en vérité trouvé Laylâ", achevait de confier l’artiste.
Malek Salah s’est très tôt soustrait à toute filiation, catégorie, école ou tradition dans son travail. Fervent des travaux de Cy Twombly, mais aussi d’Antoni Tàpies, Mimmo Paladino, Jean-Michel Alberola ou Gérard Garouste, il dit aussi avoir appris à aimer la peinture dans l’atelier de Choukri Mesli. Né en 1949 à Ain el-Hammam en Algérie, il vit et travaille entre Alger et Paris. Diplômé de l’École des Beaux-Arts d’Alger, ainsi que de l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris, il a en outre enseigné à l’École des Beaux-Arts d’Alger de 1980 à 1987.
L’artiste, qui expose depuis une quarantaine d’années, a également été commissaire d’exposition à plusieurs reprises durant "Djazaïr 2003, une année de l’Algérie en France". Il a enfin initié les expositions "Voyage d’artistes" et "l’Algérie au cœur", avec respectivement Jean-Louis Pradel et Evelyne Artaud pour commissaires.
Il nous faut ajouter que l’exposition "Majnûn Laylâ" de Malek Salah faisait l’ouverture, en novembre 2007, du tout nouveau Musée d’art moderne et contemporain d’Alger (Mama).
Malek Salah, Majnûn Laylâ (Part 1)
Malek Salah, Majnûn Laylâ (Part 2)
Malek Salah, Majnûn Laylâ, un film d’Amine Kouider (13 min., 2007)
– 7 - 25 avril 2018, Malek Salah : "Chuchotements de l’âme", Alger / Dely Brahim / Seen Art Gallery, 156, Lotissement El Bina, Dély Brahim, 16320 Alger
– 4 - 30 juin 2016, "Les 80", œuvres de Mustapha Goudjil, Arezki Larbi, Akila Mouhoubi, Mustapha Nedjaï, Malek Salah, Hellal Zoubir, Alger / El Achour / Espaco Gallery / Résidence CMB, 196 Oued Terfa, El Achour
– 9 - 30 mai 2016, Malek Salah : "Strates", Alger / El Achour / Espaco Gallery / Résidence CMB, 196 Oued Terfa, El Achour
– 3 - 24 mai 2014, Chéraga / Galerie Dar el-kenz
– 18 juillet - 30 septembre 2012, "50 années d’art algérien", Alger / Musée national des Beaux Arts, Dar Essalam, El Hamma
– 29 avril - 12 mai 2010, "En direct d’Algérie" : Malek Salah, Sofia Hihat, Sadek Rahim, Paris / Musée du Montparnasse, 21, avenue du Maine, Paris 15e, Tel. : 01 42 22 91 96
– 12 - 30 novembre 2009, "Focus 5/5" : Ammar Bouras, Arezki Larbi, Mustapha Nedjaï, Sadek Rahim, Malek Salah, Alger / Galerie Mohamed-Racim
– 18 December 2008 - 20 February 2009, 11th International Cairo Biennale – 27 novembre 2007 - 10 janvier 2008, Malek Salah : "Majnûn Laylâ", Alger / Musée national d’art moderne et contemporain (Mama), 25, rue Larbi Ben M’Hidi, Alger, Tel. : (0)21 30 21 30
– 5 septembre - 12 octobre 2007, "Art contemporain arabe", Alger / Palais de la culture Moufdi Zakaria, El-Annasser, Kouba
– 17 juin - 8 juillet 2004, "Œuvres de Malek Salah", Alger / Riadh el-Feth / Galerie Esma
– 17 juillet - 24 août 2003, "Le XXe siècle dans l’art algérien", Orangerie du Sénat, Paris
– 4 avril - 15 juin 2003, "Le XXe siècle dans l’art algérien", Château Borély, Marseille
– 4 - 30 avril 2003, "Œuvres de Malek Salah", Paris / Mairie du 6e arrondissement / Salle du Vieux Colombier, 78, rue Bonaparte
Aucune
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