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  La Rue des Vandales

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Présences de Kateb Yacine

Sid Ahmed Agoumi est sans conteste l’une des plus grandes figures du théâtre et du cinéma algériens. Ce comédien qui fut directeur du Théâtre national a joué un vaste répertoire en arabe et en français. Etabli en France depuis 1994, il y a poursuivi une seconde carrière d’acteur.
En plus des monologues de Lakhdar dans la Rue des Vandales, extrait du célèbre poème dramatique de Kateb Yacine *, et de Djelloul le raisonneur dans Les Généreux, la pièce épique et réaliste d’Abdelkader Alloula, Agoumi a prêté son souffle aux voix de Jean Sénac, Rachid Mimouni, Jamel-Eddine Bencheikh et Benamar Mediene.
Kateb, Sénac, Alloula et Mimouni étaient présents, pour reprendre les mots de Benamar Mediene, "en passagers clandestins, en contrebandiers posthumes désormais indifférents aux frontières, aux douaniers et aux visas. Passeurs d’un imaginaire et de langages disant une histoire et une géographie visionnaires d’une Algérie insoupçonnée qui n’en finit pas de sortir de l’enfer".

 20 octobre 2001, Lire en fête, Algérie, regards intérieurs, Mantes-La-Jolie / Centre culturel Le Chaplin
Avec le soutien d’algeriades



 La Rue des Vandales
Tiré du Cadavre encerclé * de Kateb Yacine
Par Sid Ahmed Agoumi


  La Rue des Vandales > Prologue


"Ici est la rue des Vandales. C’est une rue d’Alger ou de Constantine, de Sétif ou de Guelma, de Tunis ou de Casablanca. L’espace manque pour montrer dans toutes ses perspectives la rue des mendiants et des éclopés, pour entendre les appels des vierges somnambules, suivre les cercueils d’enfants et recevoir la musique des maisons closes, le bref murmure des agitateurs !
Ici je suis né, ici je rampe encore pour apprendre à me tenir debout, avec la même blessure ombilicale qu’il n’est plus temps de recoudre ; et je retourne à la sanglante source, à notre mère incorruptible, la matière jamais en défaut, tantôt génératrice de sang et d’énergie, tantôt pétrifiée dans la combustion solaire qui m’emporte à la cité lucide au sein frais de la nuit, homme tué pour une cause apparemment inexplicable tant que ma mort n’a pas donné de fruit, comme un grain de blé dur tombé sous la faux pour onduler plus haut à l’assaut de la prochaine aire à battre, joignant le corps écrasé à la conscience de la force qui l’écrase, en un triomphe général, où la victime apprend au bourreau le maniement des armes. Où le bourreau ne sait pas que c’est lui qui subit. Et la victime ne sait pas que la matière git, inexpugnable, dans le sang qui sèche et le soleil qui boit. Ici est la rue des vandales, des fantômes, des militants, de la marmaille circoncise et des nouvelles mariées. Ici est notre rue, pour la première fois, je la sens palpiter en moi comme la seule artère en crue, où je puisse rendre l’âme sans la perdre."

 


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