L’artiste peintre Kamel Yahiaoui a tiré sa révérence le 31 juillet 2023 à l’hôpital Tenon à Paris, où il se trouvait en soins intensifs. Il était âgé de 57 ans. Pour tou.te.s ceux et celles qui souhaitaient saluer, une dernière fois, Kamel Yahiaoui à Paris, la levée du corps a eu lieu le 3 août à l’hôpital Tenon. Il a été inhumé le lendemain au cimetière de Taboudoucht en Kabylie, village familial d’où est originaire M’hamed Issiakhem dont Kamel Yahiaoui était le neveu.
Né en 1966 à Alger, élève de l’École nationale des Beaux-Arts d’Alger (1985-1989), puis de l’École des Beaux-Arts de Nantes jusqu’en 1991, Kamel Yahiaoui s’est établi en France et a exposé régulièrement depuis cette date. Débordant peu à peu de la toile, entre peinture, sculpture et installation, ses créations ont depuis longtemps investi divers supports et matériaux de récupération pour donner vie à une vaste galerie d’objets détournés peuplés de silhouettes récurrentes.
Il a en outre illustré Le Voyage des exils, un recueil de poèmes de Nabile Farès (Paris, La Salamandre, 1996) et Crépuscule de printemps, une réédition des poèmes du barde kabyle Si Mohand ou M’Hand (Alger, Enag/Zyriab, 2002).
Au printemps 2008 à Paris, le musée des Arts derniers accueillait des travaux de Kamel Yahiaoui. Au printemps 2007, dans la même galerie, l’exposition "Allers retours" donnait à voir le travail de 10 artistes contemporains, dont 5 Français ayant séjourné et travaillé en Afrique (Philippe Berry, Richard Di Rosa, Martial Verdier, Bruce Clarke, Christophe) et 5 Africains (Malick Sidibé [Mali], Soly Cissé [Sénégal], Collen Madamombe [Zimbabwe], Kamel Yahiaoui [Algérie], Afi Nayo [Togo]). Exposés à travers le monde, ces artistes témoignent à leur façon de la vitalité et de la modernité de l’Afrique.
Kamel Yahiaoui a auparavant entrepris un vaste travail sur la déportation des Africains du XVe au XIXe siècle, celle des Algériens en Nouvelle-Calédonie et en Guyane, consécutive à la révolte de 1871, et plus récemment celle des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Intitulée "Rideau d’interrogation", son exposition au Centre culturel algérien à Paris rendait à sa façon hommage aux déportés juifs de la dernière Guerre mondiale. On pouvait notamment y voir "L’Extincteur de dignité" (I et II), deux œuvres peintes sur des jerrycans d’essence qui datent de 1943 et 1945. Une seconde série utilise de vieilles structures de métal et de toile tendue sur lesquels refroidissait le pain à sa sortie du four. "Carrefour divin" enfin, réunit les trois monothéismes sur et autour d’une peau de mouton, symbole du sacrifice d’Abraham. Je cultive l’histoire comme un antiseptique contre les violences, confiait Kamel Yahiaoui qui s’est dit affecté par un article publié par le quotidien algérien Echourouq al yaoumi et des messages virulents lui reprochant de ne pas donner de la voix, tout à la fois, contre les caricatures du Prophète et la répression israélienne dans les territoires palestiniens.
Abordant le travail de l’artiste, qui taquine à ses heures la muse de la poésie, Nabile Farès parle de "la présence effective d’une peinture et d’une œuvre confrontées à la parole du poème lorsque celui-ci, pris en un temps d’effroyable mutisme et douleurs, tente au-delà du mot, d’inscrire en matières et objets, la disparition et le retour de la langue oubliée, du corps présent, mutilé." Pour l’écrivain, "les peintures de Kamel Yahiaoui existent comme transfigurations de l’horreur moderne, celles des camps d’exterminations, des camps d’internement, des camps intérieurs issus des rafles dans les villes, des visages, rues, solitaires, ombres d’ombres persistantes échappées des tueries, des lois, des rumeurs." (Kamel Yahiaoui, "Entretien avec la mémoire", 2007, Courtesy de l’artiste, Crédit Photo : DR)
– 25 juillet - 11 août 2024, Ces gens là (Group Show), Paris / AVM Gallery, 42, rue Caulaincourt, Paris 18e
– 12 - 29 février 2024, Exposition-Hommage à Kamel Yahiaoui, avec la participation de ses amis artistes, Paris / Association de culture berbère
– 5 avril - 17 juillet 2022, "Juifs et musulmans de la France coloniale à nos jours", Paris / Musée de l’histoire de l’immigration / Palais de la Porte Dorée
– 18 mars - 31 juillet 2022, Algérie mon amour. Artistes de la fraternité algérienne, 1953-2021 : Louis Nallard, Abdelkader Guermaz, M’hamed Issiakhem, Mohamed Khadda, Baya, Choukri Mesli, Abdallah Benanteur, Souhila Bel Bahar, Mohamed Aksouh, Denis Martinez, Mahjoub Ben Bella, Rachid Koraïchi, Mohand Amara, Abderrahmane Ould Mohand, Kamel Yahiaoui, Zoulikha Bouabdellah, Halida Boughriet, El Meya, Paris / Institut du monde arabe
– 21 septembre - 10 novembre 2018, "L’Algérie pour mémoire", témoignages autour de La Question 1958-2018, Paris / Centre culturel algérien
– 15 septembre 2017 - 21 janvier 2018, "L’islam, c’est aussi notre histoire", Bruxelles / Espace Vandenborght, Rue de l’Écuyer, 50, 1000 Bruxelles
– 15 février - 2 avril 2017, "L’Art algérien entre deux rives" : œuvres d’Abdelkader Guermaz (1919-1996), Mohamed Aksouh (1934-), Habib Hasnaoui (1955-), Mustapha Sedjal (1964-) et Kamel Yahiaoui (1966-), Antony > Maison des arts
– 11 - 13 octobre 2016, Paris / AKAA Art Fair / Foire d’art contemporain et de design / Galerie KO21 (Paris)
– 11 décembre 2015 - 11 février 2016, Alger / Musée d’art moderne et contemporain d’Alger / 7e Festival international d’art contemporain
– 9 mai - 8 juin 2014, Dak’Art - 11e Biennale de l’art africain contemporain
– 21 janvier - 21 février 2014, Kamel Yahiaoui : "Homotrace", Paris / Galerie KO21
– 21 septembre - 20 octobre 2012, "Reste le partage" (Group Show), Paris / Galerie KO21, 78, rue Haxo, Paris 20e
– 11 de maio - 8 de junho de 2011, "Miragens : Arte contemporânea no mundo islâmico" | Mirages : Art contemporain dans le monde islamique, Endereço / Museu nacional do conjunto cultural da república
– 9 de fevereiro - 3 de Abril de 2011, "Miragens : Arte Contemporânea no Mundo Islâmico" | Mirages : Art contemporain dans le monde islamique, São Paulo / Instituto Tomie Ohtake
– 11 - 23 mai 2010, Œuvres de Kader Attia, Mustapha Boutadjine, Alex Burke, Yazid Oulab, Barthélemy Toguo, Kamel Yahiaoui, Paris / Institut des cultures d’Islam / 2e Rencontres de la Goutte d’Or / "Barbès l’Africaine : des années 70 à nos jours"
– 12 février - 16 avril 2010, Carte blanche à Olivier Sultan : "Les Afriques autrement", Bagneux / Maison des arts, 15, avenue Albert-Petit, 92220 Bagneux
– 19 - 30 mars 2008, Nadia Benbouta, Tarik Mesli, Mustapha Sadek Sedjal, Selim Sahia, Nadia Spahis, Kamel Yahiaoui, Antony / Espace d’art contemporain Eugène-Beaudouin, Résidence universitaire Jean-Zay, rue La Fontaine, 92160 Antony
– 27 February - 18 March 2008, Dubaï /
Art Space gallery
– 7 février - 8 mars 2008, Kamel Yahiaoui : oeuvres récentes, Paris / Musée des arts derniers, 28, rue Saint Gilles, Paris 3e
– 7 February - 30 April 2008, "Word Into Art : Artists of the Modern Middle East", Dubai International Financal Centre
– 24 octobre - 2 novembre 2007, Œuvres récentes de Kamel Yahiaoui, Arezki Larbi et Salah Hioun, Alger / Dély Ibrahim / Ain Allah / Résidence El Bouroudj / Villa n°425 / Galerie l’Etincelle
– 25 janvier - 31 mars 2007, "Allers retours", (Exposition collective), Musée des Arts derniers, 28, rue Saint Gilles, Paris 3e
– 16 novembre - 31 décembre 2006, (Exposition collective), Musée des Arts derniers, Paris 15e
– 29 juin - 31 juillet 2006, "Des hommes sans histoire" (Exposition collective), Musée des Arts derniers, 105, rue Mademoiselle, Paris 15e
– 3 février - 4 mars 2006, "Rideau d’Interrogation", Centre culturel algérien, Paris 15è
– 29 avril - 19 mai 2004, Paul Rebeyrolle, Nadia Benbouta, Tarik Mesli, Hamid Tibouchi, Kamel Yahiaoui, Biennale d’arts plastiques de Villeneuve la Garenne, Espace 89, 157, boulevard Gallieni, Tel. : 33 (0)1 40 79 54 79
– 28 septembre - 16 novembre 2003, Nadia Benbouta, Bruno Boudjelal, Tarik Mesli, Hamid Tibouchi, Kamel Yahiaoui, Espace Paul Rebeyrolle, route de Nedde, 87120 Eymoutiers, Tel. 33 (0)5 55 69 58 88, Fax : 33 (0)5 55 69 58 93