Comédien et militant anticolonialiste, Jacques Charby s’est éteint le 1er janvier 2006 à l’hôpital Saint Antoine à Paris. Il était âgé de 77 ans. Durant la guerre d’Algérie, Jacques Charby a rejoint le réseau "Jeanson" en 1958 en même temps que sa femme Aline. Arrêté en février 1960 et incarcéré à la prison de Fresnes, il obtient la liberté médicale, s’évade et se réfugie à Tunis. Condamné par contumace à dix ans de prison, il se fixe à Alger après l’indépendance avant de bénéficier de la loi d’amnistie en 1966.
"Comment, en 1958, me suis-je retrouvé dans un réseau de soutien au Front de libération nationale algérien et ma vie a-t-elle basculé ? Bien sûr, les raisons sont multiples, mais je pense que le premier “responsable” fut Kateb Yacine, que j’avais lu et rencontré. Il m’a ouvert les yeux sur les méfaits du colonialisme français en Algérie, et singulièrement sur la répression du 8 mai 1945, qui l’avait marqué à vie." C’est ce que Jacques Charby confiait dans Les Porteurs d’espoir (La Découverte, 2003), un livre de témoignages consacré aux réseaux français Jeanson et Curiel qui ont apporté un soutien actif aux indépendantistes algériens. Des réseaux rejoints notamment par Serge Reggiani, Marina Vlady, Cécile Marion, Yann Le Masson, Jacques Trébouta, André Thorent, Raoul Sangla, Catherine Sauvage, Olga Poliakoff, Francesca Solleville, Roger Blin, Jean-Marie Serreau et Gabriel Garran.
Jacques Charby a en outre publié L’Algérie en prison (Minuit) ainsi que Les Enfants d’Algérie (Maspero), un recueil de témoignages et de dessins d’orphelins de la guerre réfugiés en Tunisie. Les deux ouvrages furent interdits en France à leur parution. Il a surtout signé Une si jeune paix* (photo ci-contre) le premier long-métrage de l’Algérie indépendante. Le film abordait la rivalité de deux bandes d’enfants marqués par les séquelles de la guerre. Lorsque Jacques Charby rentre en France en 1966, il était accompagné de Mustapha Belaïd l’un des acteurs principaux et aussi l’un de ces enfants orphelins et mutilés qui se sont laissés mourir. Parce que la guerre d’Algérie n’a pas épargné les enfants.
*Une si jeune paix (El-Salam el-walid | السلام الوليد)
un film de Jacques Charby
(Fict., 100 min., Alg, 1964)
Prix du Jeune cinéma, Moscou 1965
Avec Mustapha Belaïd, Ali Larabi
Aucune
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