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Du 2 février au 3 mai 2005, en partenariat avec l’Achac*, le Forum des Images à Paris proposait un vaste programme de projections "pour interroger les représentations de l’histoire coloniale et l’imaginaire véhiculé par le cinéma, spectacle mondial né à l’apogée des empires". Avec plus de 150 films, des rencontres et des débats en compagnie de nombreux invités, "le cycle "Colonies" tentait d’explorer tous les genres, des images d’archives au documentaire, de la publicité à la fiction. "À la fois ouvert aux cinématographies des cinq continents et fortement enraciné dans le cinéma européen et américain" [...], il "invite à regarder sous un nouveau jour une mémoire et un héritage colonial dont le contenu demeure encore occulté et dont certains aspects sont absents du débat public."
Le cycle était réparti en huit temps forts qui devaient permettre d’aborder les thèmes de l’imaginaire colonial, des représentations de l’indigène au cinéma, de la conquête et de ses figures récurrentes, de la violence des rencontres et des rapports, des différentes mises en scènes du métissage ou encore de l’exil et de l’immigration. Après l’âge d’or des colonies, dont Edward Saïd rappelait à juste titre qu’il n’a pris fin qu’en 1975, la chute des empires a laissé la place à de nouveaux Etats et de nouvelles sociétés. "À l’heure de la nouvelle mondialisation marchande, les sociétés post-coloniales du Nord au Sud questionnent leurs héritages, leurs métissages et leurs identités."
"Composée d’héritages et d’identités multiples, la société mondiale cherche ses valeurs ainsi qu’une histoire commune comme l’évoquent Afrique, je te plumerai de Jean-Marie Teno ou Little Sénégal de Rachid Bouchareb."
Parmi les 150 films programmés, quelques-uns évoquent l’Algérie coloniale ou contemporaine comme L’Atlantide dans la version de Pabst (1932), d’après le célèbre roman de Pierre Benoit, L’Appel du silence de Léon Poirier (1936), consacré à Charles de Foucauld, Pépé le Moko de Julien Duvivier (1936), Outremer de Brigitte Roüan (1990) ou L’Autre côté de la mer de Dominique Cabrera (1996).
La séquence "Les Images de la mémoire" (23-27 février) donnaient en outre l’occasion de découvrir une sélection d’archives rarement montrées au public, provenant de six grands fonds de France, de Grande Bretagne, des Pays-Bas ou des Etats-Unis. "Cette mémoire audiovisuelle coloniale invite à comparer ce que les Anglais, Néerlandais, Belges, Allemands, Américains ou Français ont vu et montré de leurs colonies" ; des images "souvent fabriquées à des fins de propagande et filmées d’un seul côté, celui du colonisateur...". Une table ronde a été animée par Pascal Blanchard, historien et président de l’Achac.
Le programme de clôture s’est accompagné de débats, organisés en partenariat avec le quotidien Le Monde, sur les thèmes de "Comment sortir de l’imaginaire colonial ? ", "Quelle mémoire commune ?" ou encore "Colonisation / Mondialisation".
– 2 février - 3 mai 2005, Cycle "Colonies", Paris / Forum des images, Paris 1er
*Achac : Association pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine |