Nous avons appris avec beaucoup de tristesse, la disparition du cinéaste Brahim Tsaki, le 9 septembre 2021 à Paris. Il était âgé de 75 ans. Sa dépouille est arrivée le 14 septembre à l’aéroport d’Oran. Selon le journaliste Fayçal Ben Medjahed (El Watan du 18 septembre), Brahim Tsaki avait émis le vœux d’être mis en terre dans le modeste cimetière installé sur le mont Tessala, qui domine la plaine de Sidi Bel Abbès, à deux mètres du mausolée de son arrière-arrière-grand-père : Sidi Ali Benaissa Ibn Abou Kacem".
Pour nombre de cinéphiles et de critiques, Brahim Tsaki restera d’abord l’auteur des Enfants du vent (1980), son premier long métrage. Dans ce film en trois tableaux et en noir et blanc, le cinéaste observe avec tendresse les jeux de l’enfance. Qu’il s’agisse de ceux de Sidi-Yacoub qui s’exercent à créer d’ingénieuses mécaniques à partir de matériaux de récupération (La Boîte dans le Désert), d’un jeune vendeur de roses de sable face aux promesses du poste de télévision (Djamel au pays des images) ou d’un petit garçon qui vend des œufs dans les bars et découvre une autre face du monde des adultes et de l’alcool (Les Œufs cuits), le film nous introduit, sans paroles, dans le dénuement et la solitude, mais aussi dans les jeux et les ressources mises par les enfants à vivre et protéger leurs rêves, dans un monde d’adultes qui ne leur fait pas de place.
Près d’une raffinerie de pétrole, Histoire d’une rencontre (1983) s’attache à deux jeunes sourds-muets. Elle est la fille d’un ingénieur américain et, lui, le fils d’un modeste paysan algérien. Le film conte la relation émouvante qu’ils parviennent à nouer malgré tout ce qui les sépare ; un clin d’œil aux rapports Nord-Sud marqués, eux, par un dialogue impossible.
Tourné en France et niché dans un grand ensemble de banlieue, Les Enfants des néons (1990) met en scène Djamel et Karim, son ami sourd-muet, qui vivent de revente de matériaux de récupération. Un soir, Djamel vole au secours d’une jeune étudiante agressée et s’éprend d’elle. Mais ça n’est pas du goût de Najet qui est amoureuse de Djamel. Les Enfants des néons entremêle des histoires d’amitié, d’amour et de jalousie, interrompues par le couperet de la haine raciste.
Entre conte et poème cinématographique, Ayrouwen (2007) signifie "II était une fois" en tamasheq, la langue des Touareg. Il raconte une idylle entre Amayas, un enfant du pays, et Claude, une jeune européenne en villégiature à Djanet dans le Sahara. Une aventure perturbée par une autre histoire d’amour contrariée entre Amayas et Mina. Dans cette ode à l’amour et au désert, un écosystème au fragile équilibre, le drame s’insinue lorsque Amayas meurt empoisonné par l’eau de la montagne...
Né en 1946 à Sidi Bel Abbès, Brahim Tsaki est élève de l’Ecole d’art dramatique de Bordj el-Kiffan à Alger, avant de rejoindre l’Institut des arts de diffusion (IAD) de Louvain la Neuve dont il sort diplômé en réalisation en 1972. (Photo 1 : Brahim Tsaki | Photo 2 : Les Enfants du vent, D.R.)
– 17 - 24 août 2019, "Algériennes·Algériens", 42e Festival de cinéma de Douarnenez
– 26 septembre 2017, Histoire d’une rencontre de Brahim Tsaki, Paris / Centre culturel algérien
– 13 - 20 de octubre de 2012, Les Enfants du vent (Children of the Wind | Los hijos del viento), Retrospectiva "Argelia, 50 años de historia y cine", Festival de Cine Africano de Córdoba
– 5 - 9 février 2012, Oran / Cinémathèque algérienne, 122, Rue Larbi Ben M’hidi, Tel : + 213 (0)41 40 80 94
– 5 - 9 janvier 2012, Sidi Bel Abbès / Cinémathèque algérienne
– 26 - 30 décembre 2011, "Zoom sur Brahim Tsaki" : projections-débats en présence du réalisateur, Alger / Cinémathèque algérienne, 26, rue Larbi Ben M’Hidi, ts les j. à 17h30, Organisé par l’AARC, en collaboration avec la délégation Wallonie-Bruxelles, avec le concours du CNCA, de la Cinémathèque algérienne et de l’Association des cinéastes Lumières
– 26 décembre 2011 : Gare de triage (20 min., Bel, 1975)
– 27/12 : Les Enfants du vent (70 min., Alg, 1980)
– 28/12 : Histoire d’une rencontre (90 min., Alg, 1983)
– 29/12 : Les Enfants des néons (85 min., Fr/Alg, 1990)
– 30/12 : Ayrouwen (78 min., Alg, 2007)
Filmographie
– Ayrouwen (Il était une fois | أيرون)
(90 min., Alg, 2007)
avec Idriss Amine Aidouni (Amayas), Yasmine El Masri (Mina), Maud Myers (Claude)
– Les Enfants des néons (أطفال النيون)
(85 min., Fr, 1990)
Avec Fanny Bastien, Rachid Ferrache, Boumediene Belasri
– Histoire d’une rencontre (قصة لقاء)
(83 min., Alg, 1983)
avec Boumediene Belasri, Carine Mattys, Mohamed Arbouz
Étalon de Yennenga, Fespaco - Ouagadougou 1985
– Les Enfants du vent (أطفال الريح | Abna er-rîh | Children of the Wind | Los hijos del viento)
(70 min., Alg, 1980)
* La Boîte dans le désert (20’) (صندوق في الصحراء)
* Djamel au pays des images (25’) (جمال في بلاد الصور)
* Les Œufs cuits (25’) (بيض مسلوق)
Sélection officielle, Mostra de Venise 1980
– Gare de triage (محطة الفرز)
(16 min., Bel, 1975)
Avec Eric Scoltus (l’élève), Michel Graindorge (le préfet)
Micheline Remy (Madame Postier), Simone Sancy (la mère)