En avril 2010, la Cour suprême américaine a invalidé une loi fédérale de 1999 qui interdisait toute image illustrant des représentations de "cruauté" envers les animaux, en vertu de la liberté d’expression. La loi en question stipulait que toute personne qui "crée, vend ou possède une représentation de cruauté envers les animaux" à des fins commerciales peut encourir jusqu’à cinq années de prison. Dans un compte rendu du Washington Post, le juge John G. Roberts Jr. estimait que la loi de 1999 avait une portée trop large et qu’elle pouvait inclure toutes les représentations où des animaux sont blessés.
Parmi les groupes opposés à cette loi figuraient notamment des musées américains et des associations comme la College Art Association (CAA) qui regroupe des milliers d’artistes, d’universitaires et de professionnels du monde de l’art soucieux de favoriser la recherche, l’enseignement et la critique des arts visuels. Selon la CAA, la loi criminalisait le travail d’artistes contemporains comme Adel Abdessemed dont la série Don’t Trust Me avait suscité une levée de bouclier à San Francisco et Turin.
Parmi la dizaine de productions présentées par Adel Abdessemed dans l’exposition "Drawing for Human Park" à Grenoble (fév. - avr. 2008), entre vidéos, performances et installations, Don’t Trust Me donnait à voir l’abattage et la chute d’un animal (cheval, bœuf, porc, mouton, faon et bouc) frappé d’un coup de marteau brut. Les six très brèves séquences, montées en boucle, étaient montrées via autant de moniteurs disposés en cercle. Ce n’est pas la première fois que l’artiste met à mal les "petits arrangements" qui sont les nôtres, le plus souvent, face à de nombreuses formes de la violence et de la cruauté ordinaires.
A San Francisco, après des menaces de mort consécutives à une campagne de plusieurs ligues de défense des animaux contre l’artiste et les dirigeants du San Francisco Art Institute, ce dernier s’est résolu à annuler une rencontre publique avec Adel Abdessemed (31 mars) et à fermer son exposition moins d’une semaine après son vernissage. (Lire l’annonce du SFAI)
Les dirigeants du SFAI, qui auraient reçu des lettres de soutien de sponsors comme la Andy Warhol Foundation et la Peter Norton Family Foundation, ont eu beau rappeler que les méthodes employées par Adel Abdessemed reposent sur celles de la production alimentaire au Mexique, où l’artiste s’est rendu, et qu’aucune violence gratuite n’est pratiquée ; rien n’y a fait. Une commission des élus de la ville de San Francisco a depuis introduit un projet de loi qui, s’il était voté, permettrait de poursuivre pour délit ou crime tout artiste qui causerait "la mort, des souffrances ou des abus sur un animal" pour les besoins d’une œuvre, ainsi que ses financeurs.
Le festival d’art contemporain Glasgow International qui accueillait à la suite une exposition de l’artiste (Apr. - Jun., 2008) n’a pas désiré exposer Don’t Trust Me. (Lire le compte rendu de la BBC) (Photo "Don’t Trust Me", 2008, Courtesy the artiste and Galerie David Zwirner)
– 12 febbraio - 18 maggio 2009, Adel Abdessemed : "Le Ali di Dio" (Les Ailes de Dieu), Torino / Fondazione Sandretto Re Rebaudengo
– April 11 - June 7, 2008, "Adel Abdessemed", Glasgow International, 21 Woodlands Terrace, Glasgow
– March 20 - May 31, 2008, Adel Abdessemed : "Don’t Trust Me" (Solo Exhibition), San Francisco Art Institute / Walter and McBean Galleries
– 3 février - 27 avril 2008, "Adel Abdessemed - Drawing for Human Park", Grenoble / Le Magasin - Centre national d’art contemporain