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  Iness Mezel > Beyond the Trance

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Les deux premiers albums d’Iness Mezel, tout comme ses apparitions sur scène, furent une véritable révélation en même temps qu’une brise salutaire sur la scène musicale d’expression berbère. Avec Beyond the Trance (Au-delà de la transe), qui sort treize ans après Edfel et sept après Len, Iness Mezel libère son chant avec un parti pris résolument rock, marqué par les riffs de guitare saturée de Justin Adams qui a produit l’album.

La quête musicale d’Iness Mezel, nourrie d’un mélange aussi singulier que délicat de chants et de rythmes berbères, de funk, de soul et de jazz, avait tout pour séduire le musicien et producteur anglais, également connu comme guitariste de Robert Plant. Justin Adams, qui confie volontiers être impressionné par la richesse des propositions musicales du Maghreb et d’Afrique, a produit les albums de Tinariwen, Natasha Atlas et Lo’Jo, enregistré deux opus avec le Gambien Juldeh Camara et collaboré à de nombreuses aventures avec Brian Eno, Jah Wobble ou la Marocaine Najat Aatabou.

Résultat, dès la première écoute, Beyond the Transe occupe l’espace et se répand comme l’album d’une tribu sur lequel on est invité à régler son pas de danse, dans le partage et l’allégresse ; une alchimie qui fait dire à Iness Mezel, "j’ai tendance à fonctionner de façon très solitaire parfois. Je n’ai jamais fait partie d’un groupe au sens classique du terme. Alors, cette rencontre avec tant de nouveaux musiciens fut formidable et intéressante. J’ai eu l’impression de me libérer".

Dans ce disque enregistré à Londres, au Studio Real World de Peter Gabriel, Iness Mezel s’explique aussi sur la gestation de ses textes et le choix de chanter en berbère comme en français. "J’aime la musicalité du kabyle, dit-elle, mais je ne maîtrise pas le langage au sens poétique du terme, alors j’écris en français, puis je traduis en kabyle et j’élabore mon chant à partir de cette traduction. Pour ce nouvel album j’ai décidé d’affronter ma pudeur et d’apprivoiser l’idée de chanter en français".

Avec "Amazone", une ouverture énergique et enjouée de percussions, youyou, guitare rock et banjo, Iness Mezel clame haut et fort, "Je ne fais rien comme tout le monde/Je tiens cela de mes ancêtres/Je choisis mon destin/Dans la lumière du ciel/Et même si l’orage éclate/Je suis heureuse et libre". Ce titre en forme de manifeste pour la liberté des femmes, où elle assène "Je me dévoilerai, que tu le veuilles ou non/J’étudierai, que tu le veuilles ou non/Je voterai, que tu le veuilles ou non/J’existerai, que tu le veuilles ou non", fait la matière d’un clip nerveux et efficace.

"Cheikh Mo-Hand", ensuite, est une invocation et une supplique au saint Cheikh Mohand ou el-Hocine (v. 1835-1901), le grand nom (avec Si Mohand ou M’Hand) de la poésie kabyle du XIXe siècle. Invitation au déhanchement, aux rythmes entêtants de guitare rock et de percussions, "Cheikh Mo-Hand", ne manquera pas d’enflammer les aires de danse de l’été kabyle.

Dans "Semer" aux arrangements somptueux de cordes, clavier, batterie, percussions et chœurs, elle chante "J’aimerai attendre/Que le ciel s’ouvre et respirer/M’avancer dans un puits de lumière/Et que le ciel coule sur une terre libérée", un titre grisant dont le refrain vient rappeler que "l’on aurait tort de ne pas espérer semer un peu d’amour".

On y trouvera aussi "Strange Days" (Sous la plume l’abîme) un blues dédié au journaliste et à l’écrivain régulièrement victimes de l’intolérance, "un esprit qui dérange, une pensée qui s’élève", "Tahkeit", une berceuse séduisante et folkeuse, "Atha wouliss", une douce invocation des aïeux, puis, sur un rythme plus enlevé de qarqabous et de cordes, "Respect", "Respect pour le monde invisible/Respect pour les âmes et les esprits/Libre libre".

On n’oubliera pas l’irrésistible "Chez noo", avec claviers, cordes, percussions et chœurs pour déclarer "Chez noo on dit viens/Viens vivre et raconter les choses/Partager l’histoire /Oh assieds-toi près de moi/Il y a surement des ombres et des interdits/Et les maudits silences et tous les secrets/Qui pèsent sur les âmes/Sur les hommes et les femmes".

Il y a enfin "Trance" en forme d’invitation à la libération des énergies dans la frénésie des corps, pour gagner le cœur du monde, "lorsque la musique se libère de tout concept et rejoint cet espace « au-delà de la transe » (beyond the trance) pour s’accomplir dans le plaisir, la plénitude et la confiance".

Alors, Beyond the Trance ? Un album plein de cœur, d’énergie et de grâce, très vivement recommandé. Iness Mezel l’a étrenné le 2 avril 2011 au café de la danse à Paris.

Iness Mezel est l’une des voix invitées sur Fofoulah (C’est là, en wolof), le premier album du groupe londonien du même nom, produit par le batteur Dave Smith (Robert Plant) et enregistré au Studio Real World de Peter Gabriel. L’album est sorti en septembre 2018 chez Glitterbeat Records.





Audio > Iness Mezel > Cheikh Mohand


 En concert : 30 June 2012, Zagreb / INmusic Festival
 16 September 2011, London / Queen Elisabeth Hall / Purcell Room / 9th London African Music Festival
 9. September 2011, Dornbirn / Spielboden
 September 3, 2011, Stockholm / Södra Theater / Kägelbanan
 5 April 2011, London / Momo
 2 avril 2011, Paris / Café de la danse, 5, passage Louis-Philippe, Paris 11e, Tel. : 01 47 00 57 59


Iness Mezel
Dernier album : Beyond the Trance (Au-delà de la transe)
CD (Wrasse Records / Universal, 2011)
Sortie : 28 février

 


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