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  68e Festival de Cannes

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La Palme d’or 2015 est allée à Dheepan de Jacques Audiard, le Grand Prix au Fils de Saul de László Nemes, le Prix de la mise en scène à The Assassin de Hou Hsiao-Hsien et celui du jury à The Lobster de Yorgos Lanthimos.
Agnès Varda s’est vue décerner la Palme d’or d’honneur du Festival. A la suite de Woody Allen (2002), Manoel de Oliveira (2008) ou Bernardo Bertolucci (2011), elle est la première femme cinéaste à recevoir ce trophée.
Décerné pour la première fois et récompensant un documentaire présenté à Cannes, toutes sections confondues, ils étaient 16 cette année, l’Œil d’or a été attribué à Au-delà d’Allende, mon grand-père de Marcia Tambutti Allende, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Petite-fille du président chilien Salvador Allende, Marcia Tambutti Allende se penche sur le sort de sa famille dans la douleur des années d’exil, après le coup d’État du général Pinochet en 1973. Le jury, présidé par Rithy Panh était composé de Nicolas Philibert, Irène Jacob, Diana El Jeiroudi et Scott Foundas.
Nous n’oublierons pas l’attribution de la Palm Dog, un prix fondé en 2002 par Toby Rose, journaliste et producteur britannique. Le collier en forme d’os aux couleurs du drapeau britannique récompense la meilleure performance d’un chien dans un film présenté à Cannes. Cette année, l’heureux gagnant s’appelle Lucky, un maltipoo (croisement de bichon maltais et de caniche nain) à l’affiche des Mille et une nuits du Portugais Miguel Gomes.

Pierre Lescure, le nouveau président du Festival de Cannes, et Thierry Frémaux, le délégué général, ont rendu public, le 16 avril, la sélection officielle (compétition et Un certain regard) de la 68e édition qui s’est tenue du 13 au 24 mai. Sur 1854 films soumis, 52 figuraient en sélection officielle, dont neuf premiers films.

Des dix-neuf films en compétition pour la Palme d’or, 5 étaient français, 3 américains, 3 italiens, 3 asiatiques, 4 européens et 1 mexicain. L’Afrique était une fois encore la grande absente, si l’on excepte Lamb de Yared Zeleke, un premier film qui a valu à l’Éthiopie sa toute première participation en sélection officielle. Projet retenu à la Cinéfondation du Festival de Cannes 2013, Lamb conte les tribulations d’Ephraim, un garçon de neuf ans, et de son inséparable brebis Chuni. L’Afrique était également présente avec la projection, en séance spéciale hors compétition, de Oka (Maison) du Malien Souleymane Cissé ou l’histoire de quatre femmes sommées par la justice de quitter la maison qui appartient pourtant à leur famille depuis plusieurs générations. Il fallait aussi compter avec la sélection de Much Loved du Franco-Marocain Nabil Ayouch à la Quinzaine des réalisateurs (voir plus bas).
L’Afrique à Cannes cette année, c’était en outre La Noire de… (Black Girl) d’Ousmane Sembène (1966) qui figurait parmi les films restaurés présentés dans le cadre de Cannes Classics. La projection de ce film du célèbre cinéaste sénégalais a été précédé par celle de Sembene !, le portrait documentaire de Samba Gadjigo et Jason Silverman (2015).
L’Afrique à Cannes cette année, c’était enfin Abderrahmane Sissako président du Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages. Celui qui est considéré ici comme "un grand poète de l’Afrique" à l’"œuvre humaniste et engagée, qui explore les relations complexes entre le Nord et le Sud autant que le destin d’une Afrique malmenée" succèdait dans ce rôle à Abbas Kiarostami, Jane Campion, Michel Gondry, Hou Hsiao-hsien et Martin Scorsese.

Palme d’or 2003 pour Elephant, Gus Van Sant revenait à Cannes avec The Sea of Trees. Tourné au Japon avec Matthew McConaughey, Ken Watanabe et Naomi Watts, le film s’intéresse à la tristement célèbre "forêt des suicides" au pied du mont Fuji, où convergent les hommes en détresse qui veulent mettre fin à leurs jours. Adapté d’un roman de Patricia Highsmith, Carol de Todd Haynes est une histoire d’amour lesbien portée par Cate Blanchett et Rooney Mara. Troisième film estampillé américain, Sicario du Canadien Denis Villeneuve est un thriller avec Emily Blunt et Benicio Del Toro, dont l’action se déroule dans la zone frontalière s’étendant entre les Etats-Unis et le Mexique, un territoire en partie livré au pouvoir des narco-trafiquants.
The Assassin (L’Assassin) du Taïwanais Hou Hsiao-hsien est une épopée d’arts martiaux de l’ère des Tang. Le film met en vedette Shu Qi et Chang Chen, les amants de Three Times du même réalisateur. The Assassin signe le retour sur la Croisette du cinéaste dont c’est la 7e sélection en compétition après Le Marionnettiste (Prix du jury en 1993), Good Men, Good Women (1995), Goodbye, South, Goodbye (1996), Fleurs de Shanghai (2008), Millennium Mambo (2001) et Three Times (2004). Moutains May Depart du Chinois Jia Zhangke (Prix du scénario pour A Touch of Sin en 2013 et auparavant Lion d’Or à Venise pour Still Life en 2006) observe l’évolution de la société chinoise contemporaine. Our Little Sister (Umimachi Diary) du Japonais Hirokazu Kore-Eda (Prix du Jury 2013 pour Tel Père, tel fils) est, quant à lui, adapté d’un manga à succès.
Outre Mia madre (Ma mère) de Nanni Moretti, l’Italie était présente avec deux autres films : Il Racconto dei racconti (Le Conte des contes) de Matteo Garrone et La Giovinezza (La Jeunesse) de Paolo Sorrentino.
Librement inspiré des Lettres persanes de Montesquieu et palme d’or 2015, Dheepan du Français Jacques Audiard s’attache au regard porté sur la société française par un réfugié sri-lankais. Outre Jacques Audiard, quatre autres cinéastes français étaient en compétition : Stéphane Brizé (La Loi du marché), Valérie Donzelli (Marguerite et Julien), Maïwenn (Mon Roi) et Guillaume Nicloux (The Valley of Love avec Gérard Depardieu et Isabelle Huppert).
Quatre coproductions européennes étaient également en lice. Il s’agit de Macbeth de l’Australien Justin Kurzel, avec Michael Fassbender et Marion Cotillard, The Lobster du Grec Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell, Rachel Weisz et Léa Seydoux et Le Fils de Saul (Saul Fia) du Hongrois László Nemes (seul premier film de la compétition et Grand Prix 2015) qui se penche sur le sort d’un Sonderkommando dans un camp d’extermination.

Cette année, les Américains Joel et Ethan Coen succédaient à la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion à la tête du jury de la compétition phare. A la fois réalisateurs, producteurs et scénaristes, les frères Coen sont des habitués du Festival où ils ont été récompensés à plusieurs reprises : Palme d’or et prix de la mise en scène pour Barton Fink (1991), prix de la mise en scène pour Fargo (1996) et The Barber 2001) et enfin Grand prix pour Inside Llewyn Davis (2013).
Le frères Coen étaient entourés dans leur tâche par les actrices Rossy de Palma (Espagne), Sophie Marceau (France) et Sienna Miller (Royaume-Uni), l’acteur Jake Gyllenhaal (États-Unis), l’auteur, compositeur et interprète Rokia Traoré (Mali) et les cinéastes Guillermo del Toro (Mexique) et Xavier Dolan (Canada).

19 films figuraient dans la sélection Un certain Regard dont le jury était présidé cette année par l’actrice-réalisatrice Isabella Rossellini. Avec AN de Naomi Kawase projeté en ouverture, on y retrouvait notamment Cemetery of Splendour, le nouveau film du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (Palme d’or 2010 pour Uncle Boonmee) et Lamb de Yared Zeleke, qui était à la fois le premier film du réalisateur et la première participation de l’Ethiopie en sélection officielle.

La Quinzaine des réalisateurs, qui s’est ouverte avec L’Ombre des femmes de Philippe Garrel, présentait 17 longs métrages et 11 courts métrages, avec en particulier la première mondiale des Mille et Une Nuits (As mil e uma noites) du Portugais Miguel Gomes, une relecture de quelque 6 heures, des fameux contes à la lumière des évènements survenus dans le Portugal en crise de 2013 et 2014. Le film divisé en 3 volumes ("O inquieto", "O desolado", "O encantado") a bénéficié de trois jours de projection – un par volet.
Parmi les longs métrages retenus, notons la présence de Much Loved du Franco-Marocain Nabil Ayouch qui s’attache à quatre femmes, prostituées, dans la nuit de Marrakech, "au rythme des plaisirs et des humiliations". A travers le portrait de trois femmes et la question de l’accès à l’éducation, Fatima de Philippe Faucon pose la question de l’intégration et de l’accueil fait aux émigré(e)s en France.
Dans les courts métrages de la sélection, on pouvait relever Pitchoune, le premier de Reda Kateb, Quelques secondes de Nora El Hourch, qui suit Sam, Zineb et trois autres pensionnaires d’un centre parisien d’hébergement et de réinsertion, toutes aux prises avec un passé chargé, et Rate Me de l’Anglo-Marocain Fyzal Boulifa dont la Quinzaine avait montré The Curse en 2012.

Le jury de la 54e Semaine de la critique, la plus ancienne des sections parallèles du Festival, était présidé par la comédienne et réalisatrice israélienne Ronit Elkabetz. 10 films étaient en sélection, dont 8 premiers films et 2 seconds. Parmi les 7 longs métrages en compétition, on notera la présence de Dégradé des frères jumeaux palestiniens Arab et Tarzan Abunasser, dont l’action se déroule dans la bande de Gaza. Tourné avec Hiam Abbas, le film est l’après-midi d’une dizaine de femmes coincées dans un salon de coiffure à cause d’un affrontement armé qui se déroule juste en face.

Cannes Classics 2015 était placée sous l’égide de Constantin Costa-Gavras qui en était l’invité d’honneur. Palme d’or avec Missing en 1982, membre du Jury en 1976 qui récompensa Taxi Driver, Prix de la mise en scène avec Section spéciale en 1975, Constantin Costa-Gavras a également obtenu le Prix du Jury pour Z, en 1969, qui figurait parmi les films restaurés et qui a été projeté en présence du cinéaste.
Outre des documentaires comme By Sidney Lumet de Nancy Buirski, This Is Orson Welles de Clara et Julia Kuperberg, Jag Är Ingrid (Je suis Ingrid | Ingrid Bergman, in Her Own Words) de Stig Björkman ou Sembene ! de Samba Gadjigo et Jason Silverman, le programme prévoyait également des hommages à Orson Welles, Ingrid Bergman, Manoel de Oliveira et une soirée Barbet Schroeder. Parmi les 16 films restaurés retenus figuraient Rocco e i suoi fratelli (Rocco and His Brothers | Rocco et ses frères) de Luchino Visconti (1960), Szegénylegények (The Round-Up | Les Sans espoir) de Miklós Jancsó (1965), La Noire de… (Black Girl) d’Ousmane Sembène (1966) et Sur (The South | Le Sud) de Fernando Solanas (1988).

Après l’Italien Marcello Mastroianni, l’affiche officielle rendait hommage à la Suédoise Ingrid Bergman, l’année du centenaire de sa naissance. "Icône moderne, femme libre, actrice audacieuse, […] à la fois star hollywoodienne et figure du néoréalisme", selon les organisateurs, l’actrice a tourné avec d’illustres réalisateurs comme Georges Cukor, Victor Flemming, Alfred Hitchcock, Roberto Rosselini, Jean Renoir et Ingmar Bergman. Ingrid Bergman a aussi présidé le jury du Festival de Cannes en 1973.

Le 69e Festival du film de Cannes aura lieu du 11 au 22 mai 2016.



 13 - 24 mai 2015, 68e Festival international du film de Cannes


Le Palmarès

 Palme d’or : Dheepan, de Jacques Audiard
 Grand Prix : Le Fils de Saul, de László Nemes
 Prix de la mise en scène : The Assassin, de Hou Hsiao-Hsien
 Prix du jury : The Lobster, de Yorgos Lanthimos
 Prix du scénario : Michel Franco pour Chronic
 Prix d’interprétation féminine : Rooney Mara pour Carol, de Todd Haynes et Emmanuelle Bercot pour Mon Roi, de Maïwenn
 Prix d’interprétation masculine : Vincent Lindon pour La Loi du marché, de Stéphane Brizé
 Caméra d’or  : La Tierra y la sombra, de César Acevedo (Semaine de la critique)
 Palme d’or du court métrage : Waves ’98, d’Ely Dagher


Sélection officielle




En compétition (19)


 Dheepan, de Jacques Audiard (Fr)
 La Loi du marché, de Stéphane Brizé (Fr)
 Marguerite et Julien, de Valérie Donzelli (Fr)
 Cronic, de Michel Franco (Mex)
 Il Racconto dei racconti (Le Conte des contes | Tale of Tales), de Matteo Garrone (Ita/Fr/UK)
 Carol, de Todd Haynes (USA/UK)
 Nie Yinniang (The Assassin), de Hou Hsiao-hsien (Taï)
 Shan He Gu Ren (Mountains May Depart), de Jia Zhangke (Chin/Jap/Fr)
 Umimachi Diary (Notre petite sœur), de Hirokazu Kore-eda (Jap)
 Macbeth, de l’Australien Justin Kurzel (UK/Fr/USA)
 The Lobster, de Yorgos Lanthimos (Gre/UK/Ire/-NL/Fr)
 Mon roi, de Maïwenn (Fr)
 Mia madre (Ma mère), de Nanni Moretti (Ita)
 Saul fia (Le Fils de Saul), de László Nemes (Hun)
 The Valley of Love, de Guillaume Nicloux (Fr)
 La Giovinezza (La Jeunesse | The Youth), de Paolo Sorrentino (Ita/Fr/Ch/UK)
 Louder Than Bombs, de Joachim Trier (Nor/Fr/Den)
 The Sea of Trees, de Gus Van Sant (USA)
 Sicario, du Canadien Denis Villeneuve (USA)


Hors compétition


 La Tête haute, d’Emmanuelle Bercot (film d’ouverture)
 Mad Max : Fury Road, de George Miller
 Un homme irrationnel, de Woody Allen
 Inside out, de Pete Docter & Ronaldo Del Carmen
 Le Petit Prince, de Mark Osborne

Séances de minuit


 Love, de Gaspar Noé
 Office, de Hong Won-Chan
 Amy, d’Asif Kapadia sur Amy Winehouse

Séances spéciales


 Asphalte, de Samuel Benchetrit
 Oka (Maison), de Souleymane Cissé
 Une histoire de fou, de Robert Guédiguian
 L’Esprit de l’escalier, d’Elad Keidan
 Amnesia, de Barbet Schroeder
 Une histoire d’amour et de ténèbres, de Natalie Portman
 Panama, de Pavle Vuckovic


Un certain regard (18)


 AN, de Naomi Kawase (ouverture)
 Masaan (Fly Away Solo), de Neeraj Ghaywan
 Rams, de Grímur Hákonarson
 Voyage sur l’autre rive, de Kiyoshi Kurosawa
 Je suis un soldat, de Laurent Lariviere
 Soleil de plomb, de Dalibor Matanic
 Taklub, de Brillante Mendoza
 The Other Side, de Roberto Minervini
 L’Étage du dessous, de Radu Muntean
 The Shameless, d’Oh Seung Uk
 Las Elegidas, de David Pablos
 Nahid, d’Ida Panahandeh
 Comorea, de Corneliu Porumboiu
 Alias Maria, de José Luis Rugeles Gracia
 The Fourth Direction (La Quatrième Voie), de Gurvinder Singh - Madonna, de Shin Suwon
 Cemetery of Splendour, de Apichatpong Weerasethakul
 Maryland, d’Alice Winocour
 Lamb, de Yared Zeleke

 


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