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  Abderrahmane Bouguermouh

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Hospitalisé à partir du 23 janvier 2013, le cinéaste Abderrahmane Bouguermouh est décédé le 3 février, à l’hôpital de Birtraria à Alger, des suites d’une longue maladie. Il était âgé de 77 ans. Son enterrement a eu lieu le 5 à Ighzer Amokrane, dans la commune d’Ouzellaguen à Béjaïa, dont il est originaire.

Né en 1936, Abderrahmane Bouguermouh poursuit des études secondaires à Sétif. Après un passage en 1960 à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec) à Paris, il réalise un temps des émissions de variétés à la RTF avant de retourner en Algérie en 1963.

Auteur de quatre longs-métrages pour la télévision et le cinéma, Abderrahmane Bouguermouh est surtout connu pour la Colline oubliée (Tawrirt ittwattun), le premier long métrage algérien en langue berbère, adapté du roman homonyme de Mouloud Mammeri. Déposé dès 1968 dans sa version berbère, le film attendra jusqu’au tournant 1990 pour être autorisé et produit avec une contribution financière de l’État. Il le devra à une toute nouvelle commission de lecture, installée à la faveur des promesses de démocratisation, plus soucieuse d’encourager la création que de censure. Une commission ou siégeaient en particulier Tahar Djaout, Rachid Mimouni et la poétesse et ancienne résistante Zhor Zerari.
Le tournage de la Colline oubliée bénéficiera d’un soutien populaire sans précédent, mais sa sortie en pleine décennie de violence ne facilitera pas sa carrière, ce qui n’empêchera pas un véritable engouement à sa sortie et notamment à Paris en 1997.

Mais Bouguermouh n’est pas l’homme de ce seul film. Dès 1967, ses tout premiers pas dans la fiction sont remarqués avec La Grive, un court métrage qui s’attache déjà aux paysages de la Kabylie, au monde rural et aux "jeux" de l’enfance dans la tourmente de la guerre d’indépendance. La Grive fait partie du film collectif L’Enfer à 10 ans. L’année suivante, sur un texte de l’écrivain Malek Haddad, il tourne Comme une âme, un moyen métrage en berbère cette fois. Le film lui vaut des complications sans fin avec les autorités et ne sera jamais visible.

Après une traversée du désert qui durera 10 ans, il peut enfin repasser derrière la caméra pour Les Oiseaux de l’été à la télévision. Ce dernier met en scène la redécouverte de la Kabylie par un émigré de retour en vacances. La photographie des Oiseaux de l’été est signée de Cheikh Sedjane, un chef opérateur qui nous a également quittés le 25 janvier. Puis ce sera Kahla ou beida (Noir & blanc, 1980), un grand succès populaire à la télévision autour de l’engouement pour le football et de la mythique équipe de l’Entente de Sétif (ESS).

En 1987, il réalise Cri de pierre, son premier long métrage pour le cinéma. Tourné à Ghoufi et à Constantine, Cri de pierre est son "Cahier du retour au pays natal" [Aimé Césaire] en même temps qu’un hymne au pays blessé. Tourné avant les émeutes d’octobre 1988 et les promesses d’ouverture qui ont suivi, le film ne connaîtra pas de véritable sortie.

En recouvrant les indépendances, les pays d’Afrique et d’Asie avaient brisé l’obstacle qui les séparait d’eux-mêmes, notait Mouloud Mammeri dans le commentaire de l’Aube des damnés d’Ahmed Rachedi. Mais, ajoutait l’écrivain, "libres et indépendants, pourquoi faire ?, sinon d’abord pour s’extérioriser. La première tâche de la liberté, plus souvent conquise qu’acquise, est d’aller à la longue quête du passé parce qu’il pèse de tout son poids sur le présent et que c’est sur lui que l’avenir se greffe". Malgré la maladie qui l’a quelque peu diminué durant plus de dix ans, Abderrahmane Bouguermouh avait à cœur de poursuivre cette entreprise d’interrogation et de réhabilitation du pays réel. A sa façon le cinéaste s’y est employé jusqu’au bout. (Photo D.R.)



Principaux films :


 La Colline oubliée (Tawrirt ittwattun | The Forgotten Hill | التل المنسي)
(Fict., 35 mm, Coul., 95 min., Alg, 1996)
Avec Djamila Amzal, Mohand Chabane, Samira Abtout, Abderrahmane Debiane



 Cri de pierres
(Fict., 35 mm, Coul., 105’, ONCIC, Alg, 1987)
Avec Himoud Brahimi, Sonia Sahel, Kiki Ouyahia, Mohamed Benhamadi, Taha El-Amiri et la participation de Keltoum



 Kahla ou beida (Noir & Blanc)
(Fict., 16 mm, Coul., 123 min., RTA, Alg, 1980)
Avec Ahmed Benaissa, Sid-Ahmed Agoumi, Kaci Ksentini, Chafia Boudraa



 Les Oiseaux de l’été
(Fict., 16 mm, Coul., 92 min., RTA, Alg, 1978)
Avec Boualem Raïs, Abdelmalek Bouguermouh, Ahmed Benaïssa


 La Grive (Film collectif L’Enfer a dix ans)
(Fict., 35 mm, N&B, 36 min., ONCIC, Alg, 1968)

 


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