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  Warda El-Djazairia

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Warda El-Djazairia, la diva algérienne du "tarab", s’est éteinte le 17 mai 2012 au Caire d’une crise cardiaque. Elle était âgée de 73 ans. Rapatriée le lendemain par avion spécial, elle a été inhumée le 19 mai au cimetière d’El-Alia à Alger.

"La plus grande cantatrice actuelle du monde arabe, Warda El Djazairia, "la rose algérienne", a reçu l’hommage de quelque 30.000 spectateurs samedi soir à Rabat à l’occasion de la 8e édition du festival de musique Mawazine", rapportait l’AFP dans une dépêche datée du 17 mai 2009. La diva algérienne "a reçu le cordon alaouite de l’ordre de commandeur, l’une des plus importantes distinctions du royaume, et a été faite citoyenne d’honneur de Rabat".

En août 2008, Warda el-Djazairia avait fait la clôture du 4e Festival de Djemila avant de se produire au Casif de Sidi Fredj à Alger. Depuis son récital de 1995 dans la capitale, son unique apparition au pays remontait à octobre précédent, lorsqu’en marge du colloque consacré à Ahmed Bey à Biskra elle s’est produite avec un orchestre dirigé par l’Égyptien Khaled Fouad. Entre les deux dates, Warda aura sensiblement rénové son tour de chant en enregistrant plusieurs albums et connu quelques ennuis de santé avec une opération de greffe du foie.

Avec plus de 300 chansons à son répertoire et quelque vingt millions d’albums et cassettes vendus, celle que l’on surnomme la reine du "tarab" est remontée sur scène, en août 2005, à l’invitation du Festival de Baalbeck au Liban. Accompagnée de l’orchestre dirigé par Khaled Fouad, Warda s’est produite sur les marches du temple de Bacchus. Elle y était à nouveau conviée pour une soirée (21/08), accompagnée par l’orchestre Majed Serour, pour le plus grand bonheur de ses fans nombreux d’un bout à l’autre du monde arabe.

En 2006, Warda al-Djazairia était en outre à l’affiche de An al-awan (Le Temps est venu), un feuilleton diffusé sur plusieurs chaînes de télévision du monde arabe. Réalisé par l’Égyptien Ahmed Saqr, sur un script de Youssef Maati, An al-awan est l’histoire d’une chanteuse au sommet de sa carrière qui décide d’abandonner la scène. Hantée par le rêve du retour à la chanson, mais désespérée par l’état de la production musicale, elle va s’employer à encourager l’émergence de nouveaux talents.

Née en 1939 à Puteaux d’un père algérien et d’une mère libanaise, la jeune Warda Ftouki découvre très jeune le répertoire des étoiles de la scène arabe comme Mohamed Abdel Wahab, Farid el-Atrache ou Sabah dans l’ambiance du café Tam-Tam (acronyme de Tunisie-Algérie-Maroc) tenu par son père à Paris. Lorsqu’en 1958 la police ferme le Tam-Tam, nous sommes en pleine guerre d’Algérie, la famille Ftouki s’exile à Beyrouth. Warda donne un premier récital à la radio syrienne.

Très tôt fascinée par le Proche-Orient, elle se lance avec un répertoire où se mêlent les thèmes de l’amour et du panarabisme. Warda reprend alors des chansons d’Oum Kalthoum comme "Ya dhalemni" et chante la résistance des siens avec un titre intitulé "Ana min el-Djazaïr" (Je viens d’Algérie) et surtout "Djamila ("Koulouna Djamila"/Nous sommes toutes des Djamila), une chanson dédiée à la militante Djamila Bouhired.

Lorsqu’il découvre la chanteuse dans un cabaret de Beyrouth, l’Egyptien Mohammed Abdelwahab l’encourage à poursuivre et à travailler son arabe. Riad Soumbati ensuite, qui l’a écoutée au Festival de Damas, l’invite au Caire et compose pour elle. Nous sommes en 1959. Dans la capitale egyptienne où elle s’établit l’année suivante, elle participe à l’enregistrement d’une chanson composée par Mohammed Abdelwahab en forme d’hymne au monde arabe. Intitulée "El watan el-akbar" (La plus grande patrie), la chanson est interprétée par Abdelhalim Hafez, Sabah, Fayza Ahmed, Najat al-Saghira, Shadya et Warda l’Algérienne. Les Égyptiens l’adoptent.
Toujours en Egypte, en 1961, Warda tient son premier rôle à l’écran dans "Almaz wa Abdou el-Hamouli" de Helmy Rafla. C’est aussi à cette époque qu’elle croise une première fois la route du compositeur Baligh Hamdi.

Lorsqu’elle rentre en Algérie à l’indépendance, c’est déjà une star. C’est pourtant durant cette période qu’elle se marie et se retire de la scène. Il faudra ensuite attendre dix ans et l’invitation du président Boumediène, lors des commémorations du Xè anniversaire de l’indépendance du pays, pour la convaincre de remonter sur scène. Accompagnée par un orchestre venu spécialement d’Égypte, elle chantera à cette occasion "Ad’uka ya amali" du poète algérien Salah Kharfi mis en musique par Baligh Hamdi. Elle se produira à nouveau lors des festivités du 1er novembre de la même année, confirmant son retour sous les projecteurs, avant de s’envoler pour le Caire où elle épouse Baligh Hamdi. Ce dernier lui composera nombre de succès comme "Eloyoun es-soud" ou encore "Khallik hena".

Outre Baligh Hamdi dont elle divorce en 1978, la chanteuse aura travaillé avec les plus grands compositeurs du monde arabe comme Mohammed Abdelwahab, Riad al-Soumbati, Kamal al-Tawil, Sayyed Mekkawi, Mohammed el-Mougy ou Hilmy Bakr.

Dans les années 90, elle débute une collaboration avec le compositeur Salah El Sharnobi, le parolier Omar Batiesha, le musicien Tarek Akef et le producteur Mohsen Gaber, une collaboration fructueuse qui donnera lieu à plusieurs succès dont on retiendra en particulier "Harramt ahebbak" (J’ai juré de ne plus t’aimer), repris par Alabina sous le titre de "Lo que tu dices" (2008). Produit par Timbaland, "Don’t Know What To Tell Ya" de Aaliyah (2003) sample "Batwannis bik".

Pendant un demi siècle, l’une des grandes réussites de la grande dame du "tarab" -et non des moindres- tient à la jonction qu’elle sera parvenue à établir entre Maghreb et Machreq. Et le parcours ne fut pas toujours des plus aisés. On se souvient, pour la petite histoire, qu’à cause d’un récital donné à Tripoli en Libye, geste peu apprécié par feu le président Sadate, Warda fut interdite de radio et de télévision pendant près de trois ans.
Fidèle à ses convictions, elle s’était fendue début 2012 d’une lettre ouverte à la chaîne de télévision Al-Jazira dans laquelle elle dénonçait le traitement des révolutions arabes par la chaîne qatarie en déclarant notamment, "Vous avez tué des milliers de Libyens et vous continuez de faucher un grand nombre d’innocents en Syrie. Vous jurez n’avoir porté aucune arme, et moi je vous réponds que vous avez l’arme de destruction massive la plus puissante : les médias. Si vous en faites un mauvais usage, vous tuerez les fils de l’arabisme."
Au Caire où elle résidait le plus souvent, comme à Beyrouth ou Paris, Warda l’Algérienne fut partout chez elle.

Avec "Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida", de mai à septembre 2021, l’Institut du monde arabe à Paris rendait hommage aux plus grandes artistes femmes de la musique et du cinéma arabes du 20e siècle, avec une exposition "qui célèbre à la fois leur histoire et leur héritage contemporain".

En mars 2018 au Cabaret sauvage, en compagnie du groupe Mazzika et de la chanteuse marocaine Sanaa Moulali, une soirée hommage à Warda el Djazaïria revisitait les plus grands titres du répertoire de Warda, "dernière légende", avec Faïrouz, "d’une époque fastueuse".
Un précédent hommage a été rendu à Warda, en mai 2017, par le Festival Arabesques à l’Opéra-Comédie de Montpellier. On le doit à l’ensemble Dahabia sous la direction de Kamel Maati.

Porté par Nada Al Raihane (Algérie) et Ranine Chaar (Liban), sous la direction de Kamel Maati (Algérie), le spectacle "Warda, la Rose des mondes" entendait raviver, le temps d’une soirée, les grands succès de la diva au répertoire monumental" et aux puissantes interprétations". (le 10 nov. 2018 à Montréal)

Au printemps 2012, elle était en Algérie pour les besoins d’un spot de l’opérateur de téléphonie mobile Nedjma qui célèbrait le cinquantenaire de l’indépendance du pays. Warda y reprenait l’une de ses dernières chansons enregistrées "Mazal waqfine" (Toujours debout). La disparition de la diva a remis en cause le tournage du clip de cette chanson dont les paroles et la musique sont respectivement signées des Libanais Mounir Bou Assaf et Bilal Zein. Le clip "Eyyam" (Les Jours) a été réalisé et terminé par l’Algérien Mounes Khammar. (Crédit Photo : D. R.)



Audio > Warda > "Harramt ahebbak"


Vidéo > Warda > "Ana leya men gherak"


Audio > Warda > "Batwannis bik"


Vidéo > Warda > "Fi youm wa leila" (Live)


Audio > Warda > "Djamila" (Live, 11’38)


 19 mai - 26 septembre 2021, "Divas : d’Oum Kalthoum à Dalida", Paris / Institut du monde arabe
 10 novembre 2018, "Warda, la Rose des mondes" (Algérie|Liban), Nada Al Raihane (chant), Ranine Chaar (chant), dir. Kamel Maati, Montréal / Théâtre Rialto / Festival du monde arabe
 10 mars 2018, Hommage à Warda, avec le groupe Mazzika et la chanteuse marocaine Sanaa Moulali, Paris / Cabaret sauvage, en partenariat avec l’Institut du monde arabe
 15 - 16 mai 2017, Hommage à Warda, par l’ensemble Dahabia, dir. Kamel Maati, Montpellier / Opéra Comédie / Festival Arabesques
 2 August 2015, Sherien Yehya : A selection of the most famous songs of Nagat, Warda and Um Kulthoum, 13th Bibliotheca Alexandrina International Summer Festival
 8 juin 2015 , Hommage à Warda El Djazaïria, Constantine / Zénith
 12 août 2012, "Hommage à Warda el-Djazaïria", Festival du monde arabe de Montréal / Quai Jacques Cartier du vieux port


 En concert : 31 octobre 2009, Alger / Salle Atlas
 28 juillet 2009, Festival de Carthage 2009 / Théâtre antique
 5 juillet 2009, Ouverture officielle, 2è Festival culturel panafricain d’Alger / Coupole du 5 juillet
 16 mai 2009, Rabat / 8è Festival Mawazine, Rythmes du monde / Scène Nahda

 21 août 2008, Baalbeck International Festival (Liban)
 3 août 2008, Alger / Sidi Fredj / Casif
 1er août 2008, Soirée de clôture, 4è Festival international de Djemila
 31 octobre 2007, Biskra / Salle omnisport El Alia
 13 août 2005, Baalbeck International Festival


Warda el-Djazaïria | وردة الجزائرية

Discographie :

 An el-awan (B. O.)(EMI)
 Classics (EMI)
 Chansons d’amour (EMI)
 Harramt ahebak (EMI)
 Batwanness beek (EMI)
 Nagham el-Hawa [Best Of, 2 vol.] (Virgin France, 1999)
 Nar el-ghera (EMI)
 Ergah lehayatak (EMI)
 El-Oyoun el-soud (EMI)
 Warda (Capitol)
 Fein ayamak (EMI)
 Law sa’alouk (EMI)
 Warda el-Djazairia à l’Olympia (Club du Disque Arabe)
 Hikaiti maa aizaman (EMI)

 


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