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  Les Femmes d’Alger de Pablo Picasso

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Présentée comme la plus grande rétrospective de l’œuvre dessinée et gravée jamais organisée, "Picasso. Dessiner à l’infini", visible jusqu’au 15 janvier 2024 au Centre Pompidou à Paris, donne à voir "l’extraordinaire foisonnement de l’œuvre graphique de l’artiste", avec quelque mille œuvres, entre carnets, dessins et gravures, dont un ensemble de soixante-dix dessins préparatoires pour Les Femmes d’Alger (1954-1955). Conçue en collaboration avec le Musée national Picasso à Paris, l’exposition est organisée à l’occasion de la célébration des cinquante ans de la disparition de l’artiste catalan.

Jusqu’au 29 août 2021, à partir de la version "L" des Femmes d’Alger de Picasso (9 fév. 1955), acquise en 2011 pour 21 millions de dollars et visible en permanence, le Musée Berggruen à Berlin réunissait plus de la moitié des peintures à l’huile de la fameuse série de Picasso, provenant de musées américains et de collections privées de par le monde. Des œuvres sur papier du musée Picasso à Paris donnaient à voir les étapes de développement entre les peintures à l’huile, pendant que des prêts du Louvre (Henri Fantin-Latour, Femmes d’Alger dans leur appartement, d’après Eugène Delacroix, 1875/76), du musée Fabre de Montpellier (Eugène Delacroix, Femmes d’Alger dans leur Intérieur, 1849) et du Musée Matisse de Nice (Henri Matisse, Odalisque au coffret rouge, 1927) éclairaient les inspirations derrière les images de Picasso. L’ensemble était complété par des œuvres contemporaines, parmi lesquelles des œuvres d’artistes d’origine algérienne comme Djamel Tatah (Les Femmes d’Alger, 1994) et Halida Boughriet (Mémoire dans l’oubli #4, 2010/11).

En 2020, pour cause de Coronavirus, Christie’s a abandonné ses prestigieuses ventes de juin à New York, au profit d’une seule vente "relais" multi-sites, qui a eu lieu le 10 juillet. La vente d’art et de design du XXe siècle s’est déroulée sur quatre sessions diffusées en direct à Hong Kong, Paris, Londres et New York. A New York, l’un des temps forts tenait notamment à la mise en vente de la version F des "Femmes d’Alger" de Pablo Picasso, peinte le 17 janvier 1955. L’œuvre, précédemment dans les collections de Sally et Victor Ganz, puis de Daniel et Eleanore Block Saidenberg, était estimée à quelque 25 millions de dollars.

La version F des "Femmes d’Alger" de Picasso (54,2 x 65 cm) a été adjugée 29 217 500 $. Le record de la vente a été établi par "Nude with Joyous Painting" (1994) de Roy Lichtenstein, à 46 242 500 $.

Au printemps 2019 au Musée de l’armée à Paris, à travers des œuvres et des archives personnelles de l’artiste (articles de presse, photographies, objets, ...), l’exposition "Picasso et la guerre" explorait "les différentes manières dont la guerre nourrit et influence l’œuvre de Picasso, tout au long de son parcours artistique", marqué par les deux guerres mondiales et la guerre d’Espagne qui le verra peindre Guernica (1937), marquant ainsi le début de l’engagement public de l’artiste. La seconde séquence va de 1939 à sa mort en 1973, avec en particulier la guerre froide, l’insurrection réprimée de Budapest, la révolution cubaine, les deux guerres du Vietnam et celle d’Algérie, en creux, dans sa série sur "Femmes d’Alger dans leur appartement" de Delacroix, aux tout premiers mois du conflit algérien, dont on pouvait voir la version "H" (peinte le 24 janvier 1955).

Peintre, sculpteur, graveur et céramiste, Pablo Picasso (1881-1973) a également revisité Les Menines de Velásquez (1957) et Le Déjeuner sur l’herbe de Manet (1959-1961), dont il tira respectivement quatorze et vingt-sept variations. Parmi les œuvres ainsi interrogées, le "maître du dessin et de la dislocation" des formes a commencé par Femmes d’Alger dans leur appartement d’Eugène Delacroix.

De décembre 1954 à février 1955, alors que Matisse vient de mourir et que débute la guerre d’Algérie, Picasso est allé confronter son regard avec le fameux tableau. Il en sortira quinze toiles et deux lithographies portant le même titre de Femmes d’Alger (ci-contre la version H, Paris, 1955 © photo Museo Reina Sofia).
Exposées à la galerie Louise Leyris, les quinze toiles furent acquises par Victor et Sally Ganz, un couple de collectionneurs américains, auprès de Daniel Kahnweiler, le marchand de Picasso qui exigeait de vendre l’ensemble. Le Musée Picasso à Paris possède les travaux préparatoires à la plume que l’artiste a conservés.

En les peignant nues et inondées de lumière, écrit en substance l’écrivaine Assia Djebar*, Picasso a libéré les Femmes d’Alger de la posture de belles de harem chez Delacroix, préfigurant ainsi la génération des "porteuses de feu" de la Bataille d’Alger. Picasso dressera le portrait de l’une d’entre-elles : Djamila Boupacha. Celle-ci fut torturée durant sa détention et son procès a suscité un important mouvement de protestation. Le dessin, réalisé au fusain, est paru à la une des Lettres françaises du 8 février 1962 et en couverture du plaidoyer de Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi publié chez Gallimard. Il était visible à Alger lors de l’exposition "Les Artistes internationaux et la révolution algérienne" [avril-juin 2008].

Salvator Mundi (sauveur du monde), que l’on prête à Léonard de Vinci, a pulvérisé le record aux enchères de Pablo Picasso. Le 15 novembre 2017, lors de la vente Christie’s à New York, le tableau a trouvé preneur pour 450,3 millions de dollars (382 millions d’euros), devenant ainsi l’œuvre d’art la plus chère du monde. Battu également, Interchange de Willem de Kooning qui a été vendu, sans enchères, 253 millions d’euros en septembre 2015.


"Les Femmes d’Alger" (version O), une toile peinte en février 1955 par Picasso avait atteint la somme record de 179,3 millions de dollars (avec les frais), le 11 mai 2015, lors d’une vente chez Christie’s à New York. C’était un record absolu pour une vente aux enchères. En marge des ventes d’art moderne et contemporain de printemps, Christie’s avait organisé une soirée spéciale intitulée "Looking Forward to the Past" qui a eu lieu le 11 mai. Le clou de cette vente était sans conteste la version "O" de la série "Les Femmes d’Alger" de Picasso, précédemment dans la célèbre collection de Victor et Sally Ganz et vendue chez Christie en 1997 pour 32 millions de dollars. La maison d’enchères estimait que c’était l’un des derniers grands Picasso dans une collection privée. Lors de l’annonce de la vente du tableau, Loïc Gouzer, vice-président de Christie’s, n’avait pas hésité à déclarer, "C’est un chef d’œuvre à la hauteur de Guernica ou des Demoiselles d’Avignon".
Estimé à 140 millions de dollars, le tableau qui promettait d’électriser la vente est ainsi devenu l’œuvre la plus chère du monde. Disputées entre cinq acheteurs, les enchères, qui avaient commencé à 100 millions, ont duré onze minutes et demie. L’acheteur ainsi que le propriétaire ont tenu à garder l’anonymat.


En rapportant l’événement, Fox 5, la chaîne new-yorkaise de la très conservatrice Fox News a décidé de flouter les poitrines des courtisanes. Nombre d’observateurs ont relevé à cette occasion que le censeur anonyme de cette chaîne n’a pas jugé bon de flouter deux paires de fesses et un sexe féminin offert aux regards au milieu du tableau.

La maison de vente Christie’s a ensuite démenti l’information qui a circulé aux États-Unis et au Royaume-Uni, selon laquelle le cheikh Hamad bin Jassim bin Jaber Al Thani, ancien Premier ministre du Qatar, était l’acquéreur mystérieux du tableau de Picasso vendu 179 millions de dollars (161 millions d’euros) en mai 2015 à New York. Pendant ce temps, qu’il s’agisse de la hantise pour certains de le savoir acquis par un riche collectionneur arabe qui l’enfermerait dans un coffre-fort ou du "floutage" du tableau par la très conservatrice chaîne américaine Fox News, "Femmes d’Alger" de Picasso continue d’alimenter la chronique.

Jusqu’au 10 janvier 2015, à la Pace Gallery à New York, "Picasso & Jacqueline : The Evolution of Style" s’est penchée sur les œuvres de Pablo Picasso dédiées à sa muse, Jacqueline Roque. L’exposition s’est aussi voulu la plus complète monstration de peintures et de travaux connexes à la série "Les Femmes d’Alger" avec cinq des quinze peintures à l’huile de la série, ainsi que d’une étude à l’huile, des gravures et une aquatinte.

Durant l’été 2013 au Grimaldi Forum de Monaco, différentes facettes de l’artiste disparu il y a 40 ans étaient à (re)découvrir dans "Monaco fête Picasso", sous la forme de deux expositions thématiques réunissant quelque 160 œuvres du maître, issues notamment de l’imposante collection Ezra et David Nahmad. Une collection de toiles impressionnistes, modernes et surréalistes, riche de 4 500 références et estimée à 3 milliards de dollars. Outre le volet "Picasso Côte d’Azur", qui s’intéressait aux liens privilégiés qu’il a entretenu avec la lumière et le littoral méditerranéens, "Picasso dans la collection Nahmad" donnait à voir une sélection exceptionnelle d’œuvres, dont 3 versions des "Femmes d’Alger" d’après Delacroix et 5 tableaux de la série du "Déjeuner sur l’herbe" d’après Manet – "achetés immédiatement et qui n’ont jamais quitté la collection Nahmad".

Avec 118 peintures, sculptures et œuvres sur papier réalisées entre 1904 et 1971, l’exposition "Picasso Black and White" explorait la palette en noir et blanc tout au long de la carrière prolifique de l’artiste espagnol. Présentée jusqu’en janvier 2013 au Guggenheim de New York, "Picasso Black and White" était visible de février à mai au Museum of Fine Arts de Houston. Dans cette vaste présentation chronologique, riche de prêts importants de collections publiques et privées d’Europe et des États-Unis, on pouvait notamment voir "Homme, femme et enfant" (1906, Kunstmuseum de Bâle) "Tête de cheval, esquisse pour Guernica", sa plus grande esquisse pour son célèbre tableau (1937, Musée Reina Sofía de Madrid), la "Femme nue à la guitare" (1909), un grand dessin au fusain sur toile resté dans la collection de l’artiste jusqu’à sa mort, ou encore "Les Femmes d’Alger" (version L, 1955), une œuvre qui a trouvé preneur à 21 M$ (frais inclus) lors de la vente Christie’s d’art impressionniste et moderne de mai 2011 à New York. L’enchérisseur n’avait pas dévoilé son identité.


Parmi 13 œuvres de Picasso, le San Francisco Museum of Modern Art possède la version E de la série Les Femmes d’Alger (The Women of Algiers, 1955).

Après "Matisse Picasso" à la Tate Modern en 2002, "Picasso : Challenging the past" à la National Gallery en 2009 ou encore "Picasso : Peace and Freedom" à la Tate Liverpool en 2010, la Tate Britain présentait "Picasso & Modern British Art" qui explore l’héritage et l’influence de l’artiste sur l’art britannique du XXe siècle. Jusqu’au 15 juillet, à travers quelque 150 œuvres d’art, dont plus de 60 tableaux de Picasso, parmi lesquels La Femme qui pleure (1937), Les Trois Danseurs (1925) et Les Femmes d’Alger (version O, 1955), l’exposition interrogeait son impact sur des artistes britanniques comme David Hockney, Henry Moore ou Francis Bacon.

Durant l’été 2010, l’exposition "Picasso : Peace and Freedom" de la Tate Liverpool était présentée comme la première à examiner en profondeur l’engagement de l’artiste catalan en politique et dans le Mouvement pour la paix, en pleine guerre froide, avec son corollaire de confrontations idéologiques et esthétiques entre l’Est et l’Ouest. Avec une cinquantaine de peintures à l’huile, un grand nombre de dessins, lithographies, céramiques, affiches et documents, l’exposition était visible jusqu’au 29 mai 2011, au musée d’art moderne Louisiana, à Humlebæk près de Copenhague. On pouvait y voir La Maison Charnier (1946), La Guerre et la paix (1952) et des versions des Femmes d’Alger d’après Delacroix, de L’Enlèvement des Sabines d’après Poussin, des Menines d’apres Velasquez et du Déjeuner sur l’herbe d’après Manet.

Ces années où Picasso séjourne régulièrement dans le sud de la France était également au cœur de l’exposition "Picasso : The Mediterranean Years (1945-1962)" à la galerie Gagossian à Londres (Jusqu’au 28 août 2010). C’est notamment durant cette période qu’il s’attellera à revisiter des classiques de Delacroix, Vélasquez et Manet.

À l’occasion de l’exposition "Picasso et les maîtres" aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris (2008), le musée du Louvre présentait une vingtaine des variations picturales et graphiques réalisées par Picasso en 1954-1955 d’après le chef-d’œuvre de Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement (1834). De son côté, le musée d’Orsay proposait les variations d’après le Déjeuner sur l’herbe de Manet. (Picasso, Photo 1 : Les Femmes d’Alger, version H, 24 janvier 1955 | Photo 2 : Les Femmes d’Alger, version O, 14 février 1955)



Vidéo > El Picasso político, protagonista en la Tate de Liverpool (0’55, EFE, 19 mai 2010)


Audio > D.-H. Kahnweiler > Entretiens avec Picasso au sujet des Femmes d’Alger (Diff. France-Culture, 25/07/2012, 48’)


 18 octobre 2023 - 15 janvier 2024, Picasso. Dessiner à l’infini, Paris / Centre Georges Pompidou
 21. Mai - 29. August 2021, Pablo Picasso & Les Femmes d’Alger, Berlin / Museum Berggruen


 10 July 2020, Four cities ONE auction experience | Hong Kong | Paris | London | New York, Christie’s’ new global 20th century art sale


 13 avril - 28 juillet 2019, "Picasso et la guerre", Paris / Musée de l’armée, hôtel des Invalides
 11 May 2015, Evening Sale : "Looking Forward to the Past", New York / Christie’s Rockefeller Center
 October 31, 2014 – January 10, 2015, "Picasso & Jacqueline : The Evolution of Style", New York City / Pace Gallery
 5 February - 20 April 2014, Pablo Picasso : "Engravings and Ceramics from the House of His Birth", İstanbul / Pera Museum



 12 juillet - 15 septembre 2013, "Monaco fête Picasso", Grimaldi Forum
> Mini site de l’exposition
 February 24 - May 27, 2013, "Picasso Black and White", Houston / Museum of Fine Arts
 October 5 - January 23, 2013, "Picasso Black and White", New York / Solomon R. Guggenheim Museum
 4 August - 4 November 2012, "Picasso & Modern British Art", Edimbourg / National Galleries of Scotland
 May 2 - June 30, 2012, "Picasso and Françoise Gilot : Paris-Vallauris 1943-1953", New York / Gagossian Gallery
 15 February - 15 July 2012, "Picasso & Modern British Art", London / Tate Britain
 11. februar - 29. maj 2011 [11. February-29. May 2011], "Picasso Fred & Frihed" | "Picasso Peace & Freedom", Louisiana Museum of Modern Art
 4 May 2011, New York / Christie’s Impressionist and Modern Art Evening Sale
 10 junio - 29 agosto 2010, "Picasso. El taller de La Californie (1955-1960)". Colección Bancaja, Alicante / Centro Cultural Bancaja, Rambla Méndez Núñez, 4, Alicante
 4 June - 28 August 2010, "Picasso : The Mediterranean Years (1945-1962)", London / Gagosian Gallery, 6-24 Britannia Street, Bloomsbury, London, WC1X 9JD, Tel : +44 (0)20 7841 9960
 21 May - 30 August 2010, "Picasso : Peace and Freedom", Tate Liverpool
 25 February - 7 June 2009, "Picasso : Challenging the past", London / National Gallery
 9 octobre 2008 - 2 février 2009, "Picasso et les maîtres", Paris / Galeries nationales du Grand Palais, 3, avenue du Général Eisenhower, Paris 8è, Entrée : Square Jean Perrin, Renseignements : Tel. : +33 (0)1 44 13 17 17
 9 octobre 2008 - 2 février 2009, "Picasso | Delacroix" : Femmes d’Alger, Paris / Musée du Louvre / Aile Denon, 1er étage
 8 octobre 2008 - 1er février 2009, "Picasso / Manet" : Le Déjeuner sur l’herbe, Paris / Musée d’Orsay, Salles 17 à 21
 28 avril - 19 juin 2008, "Les artistes internationaux et la révolution algérienne", Alger / Musée national d’art moderne et contemporain / (Mama), 25, rue Larbi Ben M’Hidi, Alger, Tel. : (0)21 30 21 30
 February 13 - May 19, 2003, "Matisse Picasso", New York / Museum of Modern Art (MoMA)
 22 septembre 2002 - 6 janvier 2003, "Matisse Picasso", Paris / Galeries nationales du Grand Palais
 11 May - 18 August 2002, "Matisse Picasso", London / Tate Modern
 28 mars - 18 juin 2001, "Las Grandes Series de Picasso", Madrid / Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia


* Femmes d’Alger dans leur appartement d’Assia Djebar (Paris, Editions des Femmes, 1980, 1995 ; Rééd., Albin Michel, 2002)
 Femmes d’Alger, Entretien avec Picasso, par Daniel-Henry Kahnweiler, Aujourd’hui, art et architecture (n° 4, Paris, septembre 1955)
 Entretiens avec Picasso au sujet des "Femmes d’Alger", par Daniel-Henry Kahnweiler (Rééd., Caen, L’Echoppe, 1991)

 


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