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  Nikos Papatakis

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Gloria Mundi de Nico Papatakis

Le cinéaste français d’origine grecque Nikos ou Nico Papatakis s’est éteint le 17 décembre 2010 à Paris. Il était âgé de 92 ans. Né à Addis-Abeba (Éthiopie), d’un père macédonien et d’une mère abyssine, Nikos Papatakis a servi dans les troupes de Hailé Sélassié face à l’armée de Mussolini. Contraint ensuite de s’exiler, le voilà au Liban, puis en Grèce et enfin en France où il s’installe à Paris en 1939.

Compagnon de route de Jean-Paul Sartre, André Breton, Jacques Prévert, Robert Desnos ou Jean Vilar, Nico Papatakis s’est illustré avec l’ouverture en 1947, rue de la Harpe à Paris, du cabaret la Rose rouge où Juliette Gréco et Mouloudji font leurs premiers pas. Il épouse à cette époque la comédienne Anouk Aimée.

Il se lie d’amitié avec Jean Genet, dont il produit Un chant d’amour (1950) avec une photographie signée Jean Cocteau. Censuré, le film ne sortira qu’en 1975.

Etabli à New York en 1957, Papatakis fait la rencontre de John Cassavetes et met la main à la production de son premier film Shadows. A la même époque, il croise la route du mannequin Christa Päffgen qui deviendra l’égérie notamment d’Andy Warhol et du Velvet Underground sous le nom de Nico.

De retour à Paris en 1962, fort d’un accord de Jean-Paul Sartre pour le scénario et d’Alain Resnais pour la réalisation, il songe en vain à une adaptation cinématographique de La Question d’Henri Alleg. Puis il réalise Les Abysses (1963), son tout premier film adapté des Bonnes de Jean Genet qui met en scène l’histoire vraie des sœurs Papin, deux employées de maison meurtrières de leur patronne. Face à la levée de boucliers qu’il provoque, notamment du Syndicat des producteurs qui s’oppose à ce que le film représente la France au Festival de Cannes, Les Abysses bénéficiera du soutien public de Malraux, Sartre, Beauvoir, Breton et Genet.

De retour au cinéma en 1967, il essuie un échec avec Les Pâtres du désordre (1967) qui met en scène les tribulations d’un berger dans une Grèce alors passée sous la férule des colonels. Sorti en 1968, le film est accueilli fraîchement.

La question de la torture durant la guerre d’Algérie, il y viendra avec Gloria Mundi en 1976. Dénonciation intemporelle de la torture, de toutes les formes de torture, le film évoque à sa façon les méthodes employées durant la guerre d’Algérie. A sa sortie le 7 avril 1976, à la suite d’un attentat à la bombe au cinéma Marbeuf revendiqué par d’anciens activistes de l’O.A.S., le film est retiré de l’affiche.

En 1991, ce sera au tour des Équilibristes d’être mal accueilli. Inspiré de l’histoire d’amour entre Jean Genet et un funambule qui se suicidera, avec Michel Piccoli en Genet, le film est un échec. "Je refuse de plaire, disait Papatakis dans un entretien accordé en 1970 à la revue Image et son. Je refuse toute complaisance à l’égard de quiconque. Je refuse d’émouvoir le public, le bercer. Le cinéma, c’est fait pour tout autre chose et je l’utilise comme une arme.... (Crédit Photo D.R.)



 23 - 27 February 2018, Five Films by Nico Papatakis, New York / The Film Society of Lincoln Center
 6 mai 2011, "Cinéastes de notre temps" : Papatakis, portrait d’un franc-tireur de Timon Koulmasis et Iro Siafliaki (2009), suivi de Les Abysses de Nico Papatakis (1962), Paris / Centre Georges Pompidou
 5 mars 2011, projection de Nico Papatakis, Portrait d’un franc-tireur* de Timon Koulmasis et Iro Siaflaki, intervention de Yannis Kontaxopoulos, auteur de Nicos Papatakis, Monographie**, projection des Abysses de Nico Papatakis, Paris / Fondation Hellénique, 47, boulevard Jourdan, Paris 14e, Réservations : 01 58 10 21 00


Filmographie :

 Gloria Mundi
(130 min., Fr, 1975-2005)
Sélection, Festival de Paris
 Les Equilibristes
(120 min, Fr, 1991)
Sélection, Mostra di Venezia
 I Photographia (La Photo)
(102 min., Gr, 1986)
Sélection, Festival de Cannes, Quinzaine des réalisateurs
 Les Pâtres du désordre (I Voski tis simforas)
(120 min., Gr, 1967)
 Les Abysses
(90 min., Fr, 1962)
Sélection, Festival de Cannes


* Lire : Tous les désespoirs sont permis de Nico Papatakis (mémoires)
(Paris, Fayard, 2003)


* Lire : Nicos Papatakis, Monographie (Athènes, Éd. Kastaniotis, 2005)

** Voir : Nico Papatakis, portrait d’un franc tireur, un film de Timon Koulmasis et Iro Siaflaki (Doc., 45 min., Fr, 2009)

 


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