"27 novembre 1960" : "Il faudrait que nos enfants sachent à quel point leurs ainés ont souffert, à quel prix ils héritent d’un nom, d’une dignité, du droit de s’appeler Algériens sans courber la tête comme le frêle roseau de la fable.
On devrait pouvoir réunir une multitude d’histoires relatant les milliers de drames. Les milliers de morts, les clameurs de rage, les torrents de larmes et les mares de sang qui auront marqué comme des stigmates cette terre où nous avons eu le malheur de naître et qu’on veut nous enlever comme si nous étions des bâtards. Il serait bon qu’on sache tout cela plus tard et qu’on se dise : « Après tout, nos pères avaient tout de même beaucoup de mérite et nous pouvons en être fiers »." Mouloud Feraoun, Journal (1955-1962).
Le 1er novembre 1955, un an après le début de l’insurrection nationaliste en Algérie, sur les conseils d’Emmanuel Roblès, Mouloud Feraoun commence un Journal qu’il tiendra jusqu’à la veille même de sa mort, le 15 mars 1962 à Alger, sous les balles d’un commando des ultras de l’OAS. Tenu sur des cahiers d’écolier, interrompu en juillet 1959 et repris en janvier 1960 après la semaine des barricades des partisans de l’Algérie française, l’ensemble a été publié après l’assassinat de l’écrivain.
Avec cette chronique entamée dans un village de Kabylie et poursuivie à Alger où Mouloud Feraoun est muté en juillet 1957, ce dernier témoigne du quotidien de la guerre avec son cortège de violences, de souffrances et de peurs : "les exactions, la peur, de tous côtés, les petites lâchetés, note le metteur en scène Dominique Lurcel, -ce que Primo Levi appelait "la zone grise"- et les actes de courage, la torture aussi, les viols systématiques, dès 1956. La mort enfin, omniprésente, et que Mouloud Feraoun sent se rapprocher inexorablement de lui."
Dans l’engrenage d’une guerre qui radicalise les positions, Dominique Lurcel y voit un document irremplaçable à plus d’un titre dans ce qu’il décrit la tragédie de l’écrivain et de l’homme écartelé entre plusieurs traditions, de l’humaniste opposé à la violence et à la terreur pratiquée durant une guerre qui fut particulièrement ignoble. Pour le metteur en scène du Contraire de l’amour, le Journal de Mouloud Feraoun montre un écrivain "à la fois reconnaissant à la France de ce qu’elle lui a transmis comme valeurs humanistes, et en même temps conscient du mépris dont elle n’a cessé de traiter six millions de musulmans, et, partant, de la nécessité, devenue sans appel, de l’indépendance de son pays".
Le Contraire de l’amour a été créé le 16 mars 2011 au Théâtre de l’Intervalle à Lyon. Il est porté par un acteur et les ponctuations d’un violoncelliste, avec "la volonté de faire émerger la variété des émotions de Feraoun -colères impuissantes, ironie, découragement et espoir...-, et son rapport, complexe et multiple, à l’évènement auquel il réagit".
Avec une scénographie résolument minimaliste, le spectacle vise en outre à être joué en tous lieux.
Professeur de lettres, Dominique Lurcel n’a jamais cessé de pratiquer le théâtre. Après des études théâtrales et des rencontres, en particulier avec Armand Gatti, Jean-Louis Hourdin et Jean-Louis Barrault, il signe sa première mise en scène en 1989. En 1997, il fonde la Cie Passeurs de mémoires et poursuit un travail de mise en scène sur des textes de Dario Fo, Jean-Pierre Siméon, Nathalie Papin, Manlio Santanelli et Lessing.
Le comédien Samuel Churin a travaillé sous la direction de Pierre Guillois avant de rencontrer Olivier Py avec lequel il joue dans une dizaine de spectacles à partir de 1995. Au cinéma, ce dernier lui donne le rôle principal de son film Les Yeux fermés. Avec Dominique Lurcel, Samuel Churin poursuit une collaboration entamée avec Nathan le Sage (Lessing) et poursuivie avec Folies Coloniales, Algérie années 30 et Le Contraire de l’amour (Feraoun).
Troisième volet, qui vient à la suite de Folies coloniales et Le Contraire de l’amour, Pays de malheur ! est une adaptation du livre homonyme de Younès Amrani et Stéphane Beaud (La Découverte 2004). Pays de malheur ! est la correspondance entre Younes Amrani, 28 ans, "emploi-jeune" dans une bibliothèque municipale de la banlieue lyonnaise et Stéphane Beaud, sociologue et enseignant à l’université de Nantes. Le spectacle est prévu pour 2013.
– 16 novembre 2017, Toulouse / Les Izards / Festival Origines contrôlées, entrée libre
– 7 - 30 juillet 2016, Festival d’Avignon off / Atypik Théâtre (ex-Pittchoun Théâtre)
– 3 juin 2016, Paris / Centre culturel algérien
– 22 février 2016, Bordj El Kiffan / Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel d’Alger (ISMAS)
– 26 décembre 2015, Alger / Théâtre national
Divorce sans mariage
d’après le Journal de Mouloud Feraoun
m. en sc. de Walid Bouchebbah
avec Foudil Assoul, Mourad Oudjit, Farouk Boutadjine (musicien)
Une production du Festival international de théâtre de Bejaïa
Vidéo > Le Contraire de l’amour d’après le Journal de Mouloud Feraoun, m. en sc. de Dominique Lurcel, avec Samuel Churin (extrait, 4’23, Avignon, 2011)
– 2 novembre 2015, Alger / Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi
– 5 - 25 juillet 2015, Festival d’Avignon off / Théâtre du roi René
– 13 avril 2013, Ribeauvillé / Espace culturel Le Parc, Route de Guemar, Ribeauvillé 68150, Tel. : 03 89 73 20 00
– 6 avril 2013, Thorigny sur Marne / Centre culturel Le Moustier, 1 ter, rue du Moustier, 77400 Thorigny-sur-Marne, Tel . : 01 60 07 89 65
– 2 avril 2013, Théâtre - Auditorium de Poitiers / Les Amis du théâtre Populaire
– 25 janvier 2013, Beaugency / Théâtre Le Puits-Manu, Rue du Puits Manu, 45190 Beaugency, Tel. : 02 38 44 59 34
– 17 janvier 2013, Épinal / Auditorium de la Louvière
– 16 janvier : Rencontre avec Dominique Lurcel
– 19 décembre 2012, Nantes / Salle Vasse, 18, rue Colbert, 44000 Nantes, Tel. : 02 40 73 12 60
– 30 novembre 2012, Théâtre de Givors, 2, rue Puits Ollier, 69700 Givors, Tel. : 04 72 24 25 50
– 27 novembre 2012, Chelles / Théâtre
– 20 et 21 novembre 2012, Antony / Gymnase du Cosom, 100, rue Adolphe Pajeaud, 92160 Antony
– 12 novembre - 2 décembre 2012, Paris / Maison des métallos
– 11 et 12 octobre 2012, Toulon / Théâtre Liberté
– 10 mai 2012, jeu : Mohamed Mazari, Bourg-lès-Valence / Médiathèque La Passerelle
– 30 avril 2012, Tlemcen / Institut français
– 28 avril 2012, Oran / Institut français
– 25 avril 2012, Annaba / Institut français
– 23 avril 2012, Alger / Institut français d’Alger
– 21 avril 2012, Tizi Ouzou / Théâtre régional Kateb-Yacine
– 18 mars 2012, Evian / Palais des festivités
– 16 février 2012, Montreuil / Bibliothèque Bibliothèque municipale Robert-Desnos, Tel. : 01 48 70 69 04
– 15 février 2012, Lomme / Maison Folie Beaulieu, Place Beaulieu, Quartier de la délivrance, 59160 Lomme, Tel. 03 20 22 93 66
– 13 février 2012, "Soirée Algérie(s)", Représentation précédée de la projection de Méditerranées d’Olivier Py, Paris / Odéon-Théâtre de l’Europe
– 10 février 2012, rencontre-débat avec Gilles Manceron, Nice / à l’invitation de la Ligue des droits de l’homme
– 15 décembre (Jeu : Mohamed Mazari), Lyon / Maison des passages
– 25 - 26 novembre 2011, Ferney-Voltaire / La Comédie de Ferney, 33, Grand’Rue, 01210 Ferney-Voltaire, Tel. : 04 50 28 09 16
– 26 octobre 2011, Béjaïa / Théâtre régional / Festival international de Théâtre
– 8 - 30 juillet 2011, Avignon / Festival Off 2011, Présence Pasteur / Espace Marie-Gérard, 13, rue du Pont Troucas, 84000 Avignon, Tel. : 04 32 74 18 54
– 14 - 15 avril 2011, Pierre-Bénite / Maison du peuple
– 16 - 27 mars 2011, Lyon / Théâtre de L’Intervalle
Le Contraire de l’amour
d’après le Journal de Mouloud Feraoun
Mise en scène de Dominique Lurcel
Jeu : Samuel Churin (reprise), Mohamed Mazari (création)
Violoncelle : Marc Lauras
Une production Passeurs de mémoires
Lire : Journal 1955-1962 de Mouloud Feraoun (Paris, Le Seuil, 1962 ; rééd., 2011)