Karim Aïnouz est un cinéaste et un artiste visuel brésilien aujourd’hui basé à Berlin. Un montage brut de son nouveau documentaire, Nardjes, Alger, mars 2019, a été projeté le 1er septembre lors de l’atelier de post-production Final Cut à la Mostra de Venise (2019). A travers la journée de Nardjes Asli, une artiste et une activiste pour la démocratie, dont la famille s’est battue lors de la guerre d’indépendance (1954-1962), le film plonge, durant la journée du 8 mars 2019, au cœur des manifestations en cours pour un changement de régime dans le pays, qui ont conduit à la chute du président Abdelaziz Bouteflika. Sous le titre de Nardjes A., le film était visible en première mondiale, en février 2020, au Festival de Berlin.
Né en 1966 à Fortaleza (Brésil), d’une mère brésilienne et d’un père algérien originaire de Kabylie, architecte de formation et photographe, Karim Aïnouz a grandi au Brésil, vécu trois années en France, puis à New York, avant de s’établir à Berlin. Le cinéaste raconte qu’il s’est rendu pour la première fois en Algérie en 2019, avec le projet d’y tourner Algerian by Accident, un essai autobiographique, une sorte de road-movie en forme d’exploration de ses propres racines algériennes et l’héritage de la lutte pour l’indépendance contre la domination coloniale française.
Les manifestations du Hirak, encore en cours en Algérie, ont débuté le 22 février, soit une semaine après son arrivée dans le pays. Dans un article publié par Screen Daily du 31 août, Karim Aïnouz explique que tout cela avait un "double sens" pour lui : "alors que le Brésil se fondait littéralement en quelque chose d’horrible avec le gouvernement [du président] Bolsonaro, je suis arrivé dans ce pays, qui est supposé être mon deuxième pays, à quelque chose de vraiment beau, des jeunes dans les rues, marchant un vendredi, luttant pour la démocratie. C’était presque comme une sortie d’un scénario épouvantable ou génial".
Le cinéaste se trouvait aussi à la 76e Mostra de Venise pour montrer A Vida Invisivel de Euridice Gusmão (La Vie invisible d’Euridice Gusmão), Prix Un certain regard au 72e Festival de Cannes (2019). Dans cette fresque familiale, à travers l’histoire de deux sœurs cruellement séparés, le film raconte la difficile émancipation des femmes dans le Brésil des années 1950. The Invisible Life of Euridice Gusmão a été acquis par les Studios Amazon pour les États-Unis et a été désigné par l’Académie brésilienne du film pour représenter le pays aux Oscars.
Ses précédents films, Madame Satã (2002), Le Ciel de Suely (2006) ou Praia do futuro (2014) ont été sélectionnés à Cannes, Venise et Berlin. En 2008, Karim Aïnouz a en outre réalisé Alice, une série de treize épisodes pour HBO Amérique latine. En tant que scénariste, il a notamment collaboré à Avril brisé de Walter Salles (2002), d’après le roman de l’Albanais Ismaïl Kadaré.
En tant qu’artiste visuel enfin, son travail a notamment été exposé à la Biennale du Whitney Museum de New York (1997), à celles de São Paulo (2004) et de Sharjah (2011). (Crédit Photo : DR)
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