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  77e Festival de Cannes

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Dévoilée le 11 avril et complétée ensuite, la sélection officielle du 77e Festival de Cannes comptait vingt-deux longs métrages en compétition sur quelque deux mille films visionnés. Avec pour présidente du jury, l’actrice et réalisatrice américaine Greta Gerwig, auteure de Lady Bird (2017), Les filles du docteur March (2019) et Barbie (2023), un succès planétaire qui a rapporté 1,5 milliard de dollars (1,38 milliard d’euros) de recettes, le jury 2024 comprenait les acteurs français Omar Sy et Eva Green, italien Pierfrancesco Favino et amérindienne Lily Gladstone, les cinéastes japonais Hirokazu Kore-eda, Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille, espagnol Juan Antonio Bayona et libanaise Nadine Labaki, et la scénariste et photographe turque Ebru Ceylan.

En présence de grands noms de l’industrie hollywoodienne, Cannes a vu revenir Francis Ford Coppola, aujourd’hui âgé de 85 ans, avec Megalopolis, David Cronenberg avec The Shrouds et Paul Schrader avec Oh, Canada. A noter également le retour du Chinois Jia Zhang-ke en compétition avec Feng Liu yi dai, du Russe Kirill Serebrennikov avec Limonov : the Ballad, d’après le roman d’Emmanuel Carrère, du Brésilo-Algérien Karim Aïnouz avec Motel Destino et de l’Iranien établi au Danemark Ali Abbasi avec The Apprentice.

En 2023, la compétition comptait six réalisatrices. Elles étaient seulement quatre cette année : il y avait les Françaises Coralie Fargeat et Agathe Riedinger, avec respectivement The Substance et Diamant brut, l’Indienne Payal Kapadia avec All We Imagine as Light et la Britannique Andrea Arnold, trois fois récompensée du Prix du jury pour Red Road (2006), Fish Tank (2009) et American Honey (2016), qui en lice avec Bird. La section Un certain regard faisait un petit peu mieux avec 5 films de femmes sur les 15 cinéastes sélectionné·es.

A retenir aussi la projection, hors compétition, de Furiosa, un nouveau volet de la franchise Mad Max, de l’Australien George Miller, du premier chapitre d’un long récit à venir, Horizon. An American Saga de Kevin Costner et de Ernest Cole de Raoul Peck en séance spéciale. Ce dernier film revient sur la figure du premier photographe noir dans l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid. A noter enfin, La Belle de Gaza de Yolande Zauberman, en séance spéciale.
La sélection Cannes Première propose pour sa part Everybody Loves Touda du Franco-Marocain Nabil Ayouch et Rendez-vous avec Pol Pot du Franco-Cambodgien Rithy Panh.

Lors de la cérémonie d’ouverture, Juliette Binoche a remis la Palme d’honneur du Festival à l’actrice américaine Meryl Streep, 74 ans, qui affiche un record de 21 nominations et 3 Oscars obtenus.

Le Festival a démarré dans un climat de libération de la parole sur la question des violences sexuelles dans le cinéma, sept ans après la chute du producteur américain Harvey Weinstein, longtemps roi sur la Croisette, et le début de la vague #MeToo et ses multiples répliques, avec des victimes qui témoignent et portent plainte.
En février dernier, l’actrice et réalisatrice Judith Godrèche a dénoncé l’emprise et les violences subies pendant sa relation avec Benoît Jacquot alors qu’elle était mineure. Elle a depuis déposé deux plaintes contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, pour "viols avec violences sur mineure de moins de 15 ans", à la veille de la cérémonie des Césars, une occasion supplémentaire pour la comédienne de prendre la parole pour interpeller le silence de la profession. "Je parle mais je ne vous entends pas", avait-elle déclaré dans une tribune publiée dans le journal "Le Monde. A Cannes, Judith Godrèche a présenté Moi aussi, son court métrage qui met en avant un millier de victimes d’agressions sexuelles.
Ce fut ensuite la publication de Dire vrai (Denoël) de la comédienne Isild Le Besco, victime elle aussi de ces deux réalisateurs, de publier, puis la parution dans Libération du 27 avril d’un long récit de Juliette Binoche qui confie les abus qu’elle a subis durant de nombreuses années sur les tournages. Ce fut l’annonce du procès, en octobre, de Gérard Depardieu poursuivi pour des agressions sexuelles commises sur le tournage du film Les Volets verts de Jean Becker (2022) et le renvoi devant le tribunal correctionnel, le 14 juin, de Dominique Boutonnat, président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), toujours à son poste, pour une "agression sexuelle" qu’il aurait commise sur son filleul en 2020.
Au jour de l’ouverture du Festival, une tribune intitulée "Qui nous écoute ?", signée par près de 150 personnalités, demandait "une loi intégrale" sur les violences sexuelles.

Après une édition 2023 plutôt faste pour l’Afrique, avec douze films en sélection, dont deux longs métrages en compétition, Banel et Adama de la Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy et Les Filles d’Olfa de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, récompensé d’un Œil d’or, le Prix du documentaire, le continent était représenté par seulement deux longs métrages en sélection officielle, tous deux dans la section Un Certain regard. Avec une première pour la Zambie et la Guinée, représentées par On Becoming a Guinea Fowl de la Britannico-Zambienne Rungano Nyoni, membre du jury en 2023 et dont un premier long métrage I’m Not a Witch (2017) avait été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Autre première cette année, l’entrée de la Somalie avec The Village Next to Paradise de Mo Harawe.
La scénariste et réalisatrice franco-sénégalaise Maïmouna Doucouré (Mignonnes [2020], Hawa [2022]) faisait partie du jury Un certain regard, cette année.

Pour la région MENA, outre The Seed of the Sacred Fig de Mohammad Rasoulof (Iran) qui concourait pour la Palme d’or, et Everybody Loves Touda de Nabil Ayouch (Maroc) à Cannes Première, il fallait noter la projection de Norah de Tawfik Alzaidi (2023), premier film saoudien en sélection officielle, dans la section Un certain regard. Le film a été présenté en avant-première en Arabie saoudite lors du Red Sea International Film Festival de Djeddah, en décembre dernier.
Après la présidence du jury Un certain regard en 2018, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki (Caramel [2007], Et maintenant, on va où ? [2011], Capharnaüm [2018]) faisait partie du jury du Festival de Cannes 2024.

Une Palme d’or d’honneur collective, une première, a été remise au Studio Ghibli (Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro, Mon voisin Totoro, Le Tombeau des lucioles...) fondé il y a quarante ans par deux grands maîtres de l’animation japonaise, Hayao Miyazaki et Isao Takahata (disparu en 2018). Aujourd’hui âgé de 83 ans, Hayao Miyazaki a annoncé sa retraite artistique à plusieurs reprises, avant de se remettre à l’ouvrage. Son dernier film, Le Garçon et le Héron (Kimi-tachi wa dō ikiru ka) a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation, après celui obtenu par Le Voyage de Chihiro en 2003.
Le légendaire studio est devenu, fin 2023, une filiale de la chaîne de télévision japonaise Nippon TV, laquelle s’est engagée à respecter son autonomie.

Avec la première partie restaurée du Napoléon d’Abel Gance (1927) en ouverture, Cannes Classics célèbrait également les 100 ans de la Columbia avec Gilda de Charles Vidor (1946), les 40 ans de Paris, Texas de Wim Wenders, Palme d’or 1984, les 60 ans des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, Palme d’or 1964, et les 70 ans des Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa (The Seven Samourai, 1954).
Outre Scénarios, l’ultime film de Jean-Luc Godard , on pouvait y voir des versions restaurées de Law and Order du documentariste Frederick Wiseman (1969) et des Années Déclic du photographe et documentariste Raymond Depardon (The Declic Years, 1984).
Cannes Classics proposait en outre des copies restaurées de classiques ou en passe de le devenir comme Rosora a la 10 de l’Argentin Mario Soffici (Rosaura à dix heures, 1958), de Bye Bye Brasil du Brésilien Carlos Diegues (1970), de Johnny Got His Gun de l’Américain Dalton Trumbo (1971), de Sbatti il mostro in prima pagina de l’Italien Marco Bellocchio (Viol en première page, 1972), de Tasio de l’Espagnol Montxo Armendáriz (1984) et de Camp de Thiaroye des Sénégalais Ousmane Sembene et Thierno Faty Sow (1988).

Après Michael Douglas, Harrison Ford et Tom Cruise, la Palme d’or d’honneur est revenue cette année à George Lucas, réalisateur, scénariste et producteur américain, père de Star Wars, dont quatre épisodes réalisés par lui-même, et d’Indiana Jones, créée par Steven Spielberg derrière la caméra.

Pour l’affiche officielle de sa 77e édition, le Festival de Cannes a choisi une image extraite de Rhapsodie en août (Hachigatsu no rapusodî) du Japonais Akira Kurosawa, sorti en 1991.

 14 - 25 mai 2024, 77e Festival international du film de Cannes


Le Palmarès

 Palme d’or : Anora de Sean Baker
 Grand Prix : All We Imagine as Light de Payal Kapadia
 Prix du jury : Emilia Perez de Jacques Audiard
 Prix de la mise en scène : Miguel Gomes pour Grand Tour
 Prix du meilleur scénario : The Substance de Coralie Fargeat
 Prix d’interprétation fémine : Selena Gomez, Karla Sofia Gascon, Zoe Saldaña et Adriana Paz dans Emilia Perez de Jacques Audiard
 Prix d’interprétation masculine : Jesse Plemons dans Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos
 Prix spécial du jury pour le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, The Seed of the Sacred Fig (Les Graines du figuier sauvage)
 Palme d’or d’honneur : George Lucas

Sélection officielle

Les films en compétition (22)

 La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius (France)
 Trei kilometri pana la capatu lumii (Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde) d’Emanuel Parvu (Roumanie)
 The Seed of the Sacred Fig de Mohammad Rasoulof (Iran)
 Emilia Pérez de Jacques Audiard (France/Mexique)
 Anora de Sean Baker (États-Unis)
 Megalopolis de Francis Ford Coppola (États-Unis)
 The Apprentice d’Ali Abbasi (États-Unis)
 Motel Destino de Karim Aïnouz (Brésil)
 The Shrouds de David Cronenberg (Canada/France)
 Bird d’Andrea Arnold (Royaume-Uni)
 Grand Tour de Miguel Gomes (Portugal)
 The Substance de Coralie Fargeat (États-Unis)
 Marcello Mio de Christophe Honoré (France)
 Caught by the Tides de Jia Zhangke (Chine)
 All We Imagine as Light de Payal Kapadia (Inde)
 Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos (Irlande/Royaume-Uni/États-Unis)
 L’Amour ouf de Gilles Lellouche (France)
 Diamant brut d’Agathe Riedinger (France)
 Oh, Canada de Paul Schrader (États-Unis)
 Limonov : The Ballad de Kirill Serebrennikov (France/Italie)
 Parthenope de Paolo Sorrentino (Italie)
 Pigen med nålen (The Girl With the Needle) de Magnus van Horn (Danemark)

Un Certain Regard (18)

 Ljósbrot (When the Light Breaks) de Rúnar Rúnarsson (film d’ouverture)
 Niki de Céline Sallette
 Flow de Gints Zilbalodis
 Norah de Tawfik Alzaidi
 The Shameless de Konstantin Bojanov
 Le Royaume de Julien Colonna
 Vingt Dieux de Louise Courvoisier
 Le Procès du chien de Lætitia Dosch
 Gou zhen (Black Dog) de Guan Hu
 L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine
 The Village Next to Paradise de Mo Harawe
 September Says d’Ariane Labed
 Les Damnés de Roberto Minervini
 On Becoming a Guinea Fowl de Rungano Nyoni
 Boku No Ohisama (My Sunshine) de Hiroshi Okuyama
 Santosh de Sandhya Suri
 Viet and Nam de Minh Quý Trương
 Armand de Halfdan Ullmann Tøndel

Séances spéciales (09)

 Spectateurs d’Arnaud Desplechin
 Nasty de Tudor Giurgiu
 Lula d’Oliver Stone
 An Unfinished Film de Lou Ye
 La Belle de Gaza de Yolande Zauberman
 Apprendre de Claire Simon
 L’Invasion de Sergei Loznitsa
 Ernest Cole de Raoul Peck
 Le Fil de Daniel Auteuil

Cannes Première (08)

 Maria de Jessica Palud
 Vivre, mourir, renaître de Gaël Morel
 Miséricorde d’Alain Guiraudie
 C’est pas moi de Leos Carax
 Everybody Loves Touda de Nabil Ayouch
 En fanfare d’Emmanuel Courcol
 Rendez-vous avec Pol Pot de Rithy Panh
 Le roman de Jim des frères Larrieu

Séances de Minuit (04)

 Twilight of the Warriors : Walled In de Soi Cheang
 The Surfer de Lorcan Finnegan
 Les Femmes au balcon de Noémie Merlant
 I, the Executioner de Seung Wan Ryoo

Hors compétition (05)

 Le Comte de Monte-Christo d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte
 Furiosa de George Miller
 Rumeurs de Guy Maddin et Evan Johnson
 Horizon, An American Saga de Kevin Costner
 She Has No Name de Peter Chan

 


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