Webnews > 2024 > Boris Taslitzky et Mireille Miailhe

  Boris Taslitzky et Mireille Miailhe

Lire aussi

Jusqu’au 29 mai 2022, avec "une cinquantaine de peintures, souvent monumentales, et de très nombreux dessins ainsi qu’une tapisserie", une "première exposition monographique d’envergure", à La Piscine à Roubaix rendait "hommage à Boris Taslitzky et retrace son parcours exemplaire dans le récit du XXe siècle".

Résistant, ancien déporté et militant du Parti communiste français, le peintre Boris Taslitzky (1911-2005) se définissait comme "peintre réaliste à contenu social". Toute sa vie, il a dessiné et peint sans jamais dissocier son art de son engagement politique.
On retiendra ses dessins nés de son internement en France occupée et surtout de sa déportation à Buchenwald, dans lesquels il témoigne de l’enfer des camps en rendant à ses compagnons d’infortune leur dignité d’hommes. Ses Cent onze dessins faits à Buchenwald seront réunis en album par Louis Aragon et publiés en 1946. En janvier 1952, Boris Taslitzky est envoyé par le parti en Algérie, pour y réaliser un reportage en peinture. Là, il découvre le colonialisme "de l’intérieur" et en ramène plusieurs carnets de dessins. Une jeune femme peintre l’accompagnait, Mireille Miailhe.

De Mireille Glodek-Miailhe qui nous a quittés le 6 décembre 2010 à l’âge de 89 ans, Henri Alleg se demandait, "qui pouvait mieux dire que les dessins de Mireille Miailhe, l’épouvantable existence des enfants algériens à l’époque de la colonisation, celle des "petits cireurs de chaussures" des rues d’Alger ou celle des "enfants sans école"..." (Catalogue de l’exposition "Un voyage singulier, deux peintres en Algérie à la veille de l’insurrection [1951-1952] : Mireille Miailhe et Boris Taslitzky", Vitry sur Seine, déc. 2009). Pour l’historienne Anissa Bouayed, Mireille sut aussi saisir le sentiment de révolte qui animait les hommes et femmes de ce pays. Ses dessins sur le procès des militants nationalistes, à Blida, en sont le symbole".
Peintre et poétesse, née en 1921 au sein d’une famille juive d’Europe de l’Est, elle se passionne très tôt pour l’art et se lie d’amitié notamment avec le sculpteur Maillol et son modèle Dina Vierny. lorsqu’elle fait la rencontre de Jean Miailhe, elle quitte les Beaux-Arts de Paris et fuit avec lui à Toulouse où elle participe à la Résistance sans cesser de dessiner.
De retour à Paris à la Libération, elle collabore en particulier aux Lettres Françaises en faisant des illustrations de nouvelles et de romans, avant de se remettre à exposer en 1946. Mireille Miailhe a fait une série de portraits d’Aragon. celui-ci évoquera la figure de l’artiste dans Blanche ou l’oubli (1967).

De leur séjour algérien, note l’historienne et commissaire d’exposition Anissa Bouayed, Boris Taslitzky et Mireille Miailhe ramèneront "des dessins saisissants qui restent la plus éloquente dénonciation de ce que fut la société coloniale et la détresse matérielle de larges couches de la population". "Dans le même temps, ajoute l’historienne, le reportage valorise la combativité de certains groupes sociaux comme celui des dockers ou des travailleurs agricoles. Mireille Miailhe a assisté au procès de Blida qui faisait comparaître les militants nationalistes de l’OS (l’Organisation spéciale du MTLD) et elle en a ramené de précieux carnets de croquis. Parmi la soixantaine d’inculpés, signale Anissa Bouayed, figuraient notamment Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella et Mohammed Khider.
En janvier-février 1953, ce reportage a donné lieu à l’exposition "Algérie 1952" qui présentait plus de 60 dessins et quelques 40 peintures à la Galerie Weil à Paris.

Quelque 40 dessins, qui proviennent du Centre Pompidou ou de collections privées, étaient ainsi exposés à Vitry sur Seine qui "témoignent des conditions de vie des populations dans l’Algérie coloniale et des tensions politiques et sociales à la veille de l’insurrection". Ces différents travaux étaient en partie visibles au printemps 2008 à Alger, à la faveur de l’exposition "Les artistes internationaux et la révolution algérienne".

En 2019, le musée du Quai Branly a acquis un ensemble d’œuvres de Mireille Glodek-Miailhe et de Boris Taslitzky, "deux artistes invités en 1952 par le parti communiste algérien à effectuer un reportage sur les conditions de vie de la population" à Alger, Constantine ou Oran ; "ces œuvres ouvrent de nouvelles perspectives au sein de la collection pour interroger l’engagement d’artistes dans les luttes anticolonialistes au 20e siècle".



> 5 avril - 25 août 2024, Présences arabes. Art moderne et décolonisation. Paris 1908-1988, Musée d’art moderne de Paris


 5 avril - 17 juillet 2022, "Juifs et musulmans de la France coloniale à nos jours", Paris / Musée de l’histoire de l’immigration / Palais de la Porte Dorée
 19 mars - 29 mai 2022, "Boris Taslitzky (1911-2005). L’art en prise avec son temps", Roubaix / La Piscine
 24 septembre - 16 décembre 2019, "Ils ont vu l’Algérie" : Boris Taslitzky et Mireille Glodek-Miailhe, Paris / Musée du Quai Branly
> 2 février 2020, "Ils ont vu l’Algérie" : rencontre avec Sarah Ligner, Anissa Bouayed, Émilie Goudal et Didier Schulmann + sortie d’œuvres de Mireille Glodek Miailhe et Boris Taslitzky, Paris / Musée du Qai Branly
 5 avril - 28 juillet 2019, Boris Taslitzky > "Picasso et la guerre", Paris / Musée de l’armée
 20 mars / 1er juillet 2019, Boris Taslitzky > "Rouge, art et utopie au pays des soviets", Paris / Grand Palais
 21 septembre - 10 novembre 2018, "L’Algérie pour mémoire", témoignages autour de La Question 1958-2018, Paris / Centre culturel algérien
 19 janvier - 28 février 2011, "Peintures de Mireille Glodek Miailhe", Paris / Galerie Claude Kelman-Espace Rachi
 4 - 30 décembre 2009, "Un Voyage singulier, deux peintres en Algérie à la veille de l’insurrection (1951-1952) : Mireille Miailhe et Boris Taslitzky", par l’association "Art et Mémoire", Vitry sur Seine / Bibliothèque Nelson Mandela, 26/34, avenue Maximilien Robespierre, 94400 Vitry sur Seine, Tel. : 01 47 18 58 90
 27 juin - 13 septembre 2009, "Boris Taslitzky", Saint Arnoult en Yvelines / Maison d’Elsa Triolet-Aragon
 14 juin - 1er octobre 2006, Boris Taslitzky : "Buchenwald, l’arme du dessin", Paris / Musée d’art et d’histoire du judaïsme
 7 - 28 septembre 2001, "Boris Taslitzky", Paris / Espace Niemeyer, siège du PCF


Catalogue : "Un voyage singulier, deux peintres en Algérie à la veille de l’insurrection (1951-1952) : Mireille Miailhe et Boris Taslitzky"
Préface d’Henri Alleg
(Vitry sur Seine, Association "Art et Mémoire au Maghreb", 2009)

 Deux peintres et un poète, retour d’Algérie. Boris Taslitzky, Mireille Miailhe et Jacques Dubois (Paris, Cercle d’Art, 1952)


Le Site de Mireille Glodek-Miailhe

Le Site de Boris Taslitzky

 


Home | © algeriades 2000 - | Contact |
Aucune reproduction, même partielle, autre que celles prévues à l'article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle, ne peut être faite de ce site sans l'autorisation préalable de l'éditeur.