Le cinéaste Amar Laskri est décédé, le 1er mai 2015 à l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger, où il avait été une nouvelle fois admis en raison de la détérioration de son état de santé. Il était âgé de 73 ans. Il a été inhumé le lendemain au cimetière de Sidi Bediaf, dans sa ville natale de Aïn Berda, à Annaba.
Né en 1942, élève du lycée Saint-Augustin à Annaba, il rejoint les rangs de l’ALN (Armée de libération nationale) après l’appel à la grève des étudiants de mai 1956. En 1962, Amar Laskri obtient une bourse pour la Yougoslavie où il effectue quatre ans d’études à l’Académie du cinéma, du théâtre, de la radio et de la télévision de Belgrade.
À son retour en Algérie, il réalise en particulier "Hier des témoins", un épisode du film collectif L’Enfer a dix ans (1968) qui observe l’enfance traumatisée par la guerre. Quatre ans plus tard, il tourne son premier long-métrage Patrouille à l’est, son film le plus connu dans lequel une patrouille de l’ALN est chargée de convoyer vers la frontière tunisienne un militaire français fait prisonnier.
En 1978, sur un scénario de Mustapha Toumi, El Moufid s’interroge sur les contradictions à l’œuvre dans l’entreprise d’édification du socialisme dans un village de la révolution agraire.
Dans Les Portes du silence (1987), Amar Laskri met en scène un jeune sourd-muet algérien dont les maquis ne veulent pas et qui trouve un temps à s’employer comme garçon d’écurie dans un camps militaire français, avant de croiser à nouveau la route des combattants pour l’indépendance.
Fleur de lotus [Bong-Sen] (1998), son dernier film, est une coproduction algéro-vietnamienne. Co-réalisé avec Trân Dac, Fleur de lotus nous mène sur le front de la guerre d’Indochine, sur les pas d’un « indigène » de l’Algérie coloniale engagé dans les troupes de l’armée française.
Amar Laskri a dirigé le Caaic (Centre algérien pour l’art et l’industrie cinématographiques) de 1996 à 1998, date de sa dissolution pure et simple qui actait le désengagement de l’État. Le cinéaste qui ne mâchait pas ses mots, a poursuivi son plaidoyer en faveur du cinéma à travers l’association Lumières dont il était le président. Il avait le projet d’un film sur la figure du psychiatre militant Frantz Fanon.
Les Portes du silence de Amar Laskri (103’, 1987)
El Moufid (165 min., 1978)
Patrouille à l’Est de Amar Laskri (132’, 1971)
Filmographie
–Première journée (c.m. doc., RTA, 1966)
–Instruction (c.m. doc., Oncic/ANP, 1966)
–Hier des témoins (24 min., Oncic, 1968)
Long métrage collectif L’Enfer a dix ans –Le Communiqué (27’, Oncic, 1970)
Scénario d’Ahmed Rachedi
–Patrouille à l’est [Dawriyah nahwa as-sharq] (115 min., Oncic, 1972)
–El Moufid (165 min., Oncic, 1978)
–Les Portes du silence [Abwâb as-samt] (Caaic, 1987)
–Fleur de lotus (Caaic, 1998) coproduction algéro-vietnamienne
Aucune
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